lundi 30 décembre 2013

3951 - "nous n'osons pas nous dérober"

... de tous les petits partis courtisés - ou plutôt menacés - par Hitler afin qu'ils lui octroient la majorité des deux-tiers, le Zentrum social-chrétien constitue sans conteste l'objectif principal.

(...) S'agissant de la position de l'Église catholique, [les promesses de Hitler] semblaient apporter les garanties qu'avait exigé le Zentrum dans ses discussions avec Hitler. Les députés de ce parti, qui se réunirent avant le vote, étaient malgré tout divisés. Si la loi d'habilitation ne passait pas, il était question de guerre civile, de recours à la force. 

Une fois encore, la tactique hitlérienne du chantage implicite avait payé. Le chef du parti, le prélat Ludwig Kaas, plaida que "la patrie courait les plus graves dangers. Nous n'osons pas nous dérober". 

Non sans formuler les plus grandes réserves, et exprimer leurs sentiments de responsabilité envers la Nation, d'autres personnalités de premier plan, tels Heinrich Brünning (ancien Chancelier) et Joseph Ersing (l'un des syndicalistes les plus éminents du parti) lui apportèrent finalement leur soutien, suivis par les autres députés du Zentrum

(...) Sous un tonnerre d'applaudissements des députés du NSDAP, Hitler regagna la tribune (...) "En cette heure, nous en appelons au Reichstag et lui demandons de nous accorder ce que nous aurions pu prendre de toute manière" (...) Kaas, pour le Zentrum, déclara que son parti était prêt à voter le texte; d'autres chefs de parti en firent autant, puis le projet fut mis aux voix. Par 441 voix contre 94, celles des socio-démocrates, le Reichstag, instance démocratique, avait voté sa mort" (1)

(1) Kershaw, op cit 663-664

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