dimanche 29 décembre 2013

3950 - la force de la persuasion...

... le 21 mars 1933, "Hindenbourg regarda défiler la troupe et les "associations nationales" SA, SS et Stahlhelm (...) Deux jours plus tard, c'est un Hitler, de nouveau en chemise brune et impérieux, qui entra au Kroll Opera de Berlin, où se tenaient désormais les séances du Reichstag. Sous les acclamations des rangs serrés des députés nazis en uniforme, il venait proposer la loi d'habilitation qu'il réclamait depuis novembre. 

Pour leurs adversaires, en particulier pour les députés du SPD, le climat était menaçant. Une svastika géante dominait la salle. Des hommes en armes de la SA, de la SS et du Stalhlen gardaient toutes les issues et cernaient l'édifice. Ils donnaient aux députés un aperçu de ce qui allait suivre si la loi d'habilitation ne recueillait pas suffisamment de voix. En l'absence des 81 députés communistes arrêtés ou en fuite, les Nazis avaient maintenant la majorité. Mais l'adoption d'une telle loi nécessitait une majorité des deux tiers" (1)

(...) "Afin d'obtenir la majorité des deux-tiers, Frick (2) avait calculé que, si l'on décomptait purement et simplement les députés communistes, il suffirait de 378 voix et non plus 432. Au besoin, ajouta Goering, on pourrait éjecter de la chambre quelques socio-démocrates. La "révolution légale" des nazis ne s'embarrassait guère de la légalité

(...) Le Ministre de l'Intérieur du Reich proposa également une manipulation éhontée de la procédure du Reichstag afin de s'assurer de la majorité qualifie requise. Les députés absents sans excuse seraient considérés comme présents (...) L'absentéisme comme forme de protestation était donc exclu.

(...) La voie était dégagée. Dans l'après-midi du 23 mars 1933, Hitler s'adressa au Reichstag. Après avoir dressé un tableau sinistre de la situation dont il avait hérité, le programme qu'il esquissa dans son discours tactiquement habile de deux heures et demie restait au niveau des généralités. (...) A la fin de son discours, Hitler fit des concessions apparemment importantes. Ni le Reichstag ni le Reichsrat, assura-t-il, n'étaient menacés dans leur existence (...) les droits des Églises ne seraient pas réduits, ni leurs relations avec l'État modifiées" (3)

(1) Kershaw, op. cit. page 661
(2) Ministre de l'Intérieur de 1933 à 1943, Wilhelm Frick joua un rôle-clé dans l'élaboration des lois raciales (dites "lois de Nuremberg") de 1935, et dans celles relatives à "l'action d'euthanasie" (ou "action T4") de 1939, avant de se voir confier le "Protectorat de Bohème-Moravie", en mai 1942, après l'assassinat de Reynhard Heydrich 
(3) Kershaw, ibid, 662-663

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