mardi 24 décembre 2013

3945 - le momentum


...  Hitler est  sans doute bien moins intelligent, et sans conteste bien moins instruit, que von Papen et la plupart des Conservateurs allemands.

Mais c'est aussi un homme qui, depuis l'échec du putsch de la brasserie, a toujours fait preuve de flair et d'un remarquable sens de l'opportunisme.

De fait, sitôt Marinus Van der Lubbe arrêté, et son passé de militant communiste  connu, le Führer y voit l'occasion rêvée pour obtenir enfin ce Pouvoir absolu après lequel il court depuis des années,

Après guerre, beaucoup considéreront évidemment la réaction foudroyante d'Hitler et de ses partisans comme la preuve indubitable d'un complot qu'ils auraient eux-mêmes orchestré.

Mais pas plus qu'il n'existe de preuve de l'implication directe du KPD dans l'incendie du Reichstag - tous les indices recueillis démontrant au contraire que Van der Lubbe avait agi seul et de sa propre initiative - il n'existe à ce jour aucune preuve impliquant directement Hitler ou le NSDAP dans ce même incendie.

"Les chefs nazis étaient tous convaincus que l'incendie était le signal d'un soulèvement communiste : une "ultime tentative", selon les mots de Goebbels, pour semer la confusion par le feu et la destruction afin de s'emparer du Pouvoir à la faveur de la panique générale. Parmi les dirigeants du parti nazi, comme parmi les membres non-nazis du gouvernement national, avait grandi la peur que les communistes ne demeurent pas les bras croisés et ne tentent un coup de force avant les élections" (1)

Et puisque, selon la célèbre maxime de Lovecraft, "la plus puissante et la plus ancienne émotion humaine est la peur", ces chefs ne vont certes pas laisser passer l'occasion de l'exorciser une fois pour toutes !

"C'était le début du soulèvement communiste, prétendit Goering. Il n'y avait pas une minute à perdre. "C'est un signe de Dieu, Herr Vice-Chancelier, confia Hitler à Papen. "Si ce feu, comme je le crois, est l'oeuvre des communistes, nous devons écraser cette peste meurtrière d'une poigne de fer !" (2)

(1) Kershaw, op. cit., page 649
(2) ibid, page 651

3 commentaires:

Philippe Delfosse a dit...

On s'attendrait à lire "Marinus Van der Lubbe" plutôt que "Marinus Van der Velde".
Félicitations pour ce site passionnant.

lecteur a dit...

Van der Lubbe, pas Van de Velde...

Les soupçons sur une provocation nazie étaient très élevés à l'époque, il y eut même un contre-procès organisé en Angleterre par des intellectuels anti - nazis (et de vrais avocats dont le ténor du barreau corse Moro Giafferi) qui chercha à démontrer que l'incendie avait été organisé par Goering .
Ce qui est sûr c'est que l'accusation de complot communiste était tellement vaseuse que Dimitov réussit à ridiculiser les juges nazis et à s'en tirer haut la main.

D'Iberville a dit...

C'est corrigé, merci