lundi 23 décembre 2013

3944 - un plan bien trop optimiste

... Berlin, 27 février 1933

En politique comme à la guerre, la première victime de la bataille est toujours le plan de la bataille.

Le plan de Papen et des conservateurs implique en effet qu'Hitler et son parti vont à présent se comporter exactement comme ils "doivent" se comporter et, surtout, qu'aucun événement aussi majeur qu'imprévisible ne viendra brouiller les cartes dans les semaines et les mois à venir.

Compte tenu des passions et des violences qui, depuis des années, déchirent la fragile République de Weimar, et ont déjà fait des milliers de morts et de blessés, c'est tout de même un pari extraordinairement risqué et, de fait, c'est un pari que ces joueurs vont perdre moins d'un mois plus tard, et plus précisément dans la soirée du 27 février 1933...

Arrivé à Berlin une dizaine de jours plus tôt, Marinus Van der Lubbe est un obscur militant communiste dont l'Histoire n'aurait jamais retenu le nom s'il n'avait décidé de commettre un acte spectaculaire destiné à "galvaniser la classe ouvrière [allemande] et l'inciter à se battre contre la répression dont elle était victime" (1),

"Dans la soirée du 27 février, Putzi Hanfstaengl (2) (...) avait dû garder le lit dans sa chambre de la résidence officielle de Goering, où il s'était temporairement installé, au voisinage immédiat du Reichstag. En milieu de soirée, il fut réveillé par les cris du gardien : le Reichstag était en feu (...) il se rua sur le téléphone pour appeler Goebbels. Essoufflé, il lui expliqua qu'il devait parler d'urgence à Hitler (...) "Dites-lui que le Reichstag brûle" "C'est une blague ?", demanda Goebbels. Convaincu que ce n'était qu'une "élucubration", celui-ci refusa d'abord d'en faire part à Hitler. Mais, vérification faite, la nouvelle était vraie. Sur ce, Goebbels et Hitler traversèrent Berlin en trombe. Sur place, ils y trouvèrent Goering "dans tous ses états"" (3)

Le Reichstag, ultime symbole de la sociale-démocratie tant haïe des Nazis, le Reichstag est en flammes...

(1) et (3) an Kershaw, Hitler, volume 1, page 649
(2) Ernst ("Putzi") Hanfstaengl était un amateur d'Art et un riche éditeur germano-américain, devenu l'un des favoris de Hitler dès le début des années 1920. Tombé en disgrâce à partir de 1933 à la suite de ses fréquentes disputes avec Goebbels, il fut finalement contraint à l'exil, puis emprisonné par les Britanniques de 1939 à 1942. Libéré, il retourna aux États-Unis où, pour le compte de l'OSS, il dressa alors la biographie et les portraits psychologiques des nombreux leaders nazis qu'il avait côtoyés durant une quinzaine d'années

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