samedi 23 novembre 2013

3914 - les premiers soupçons de judéité

... en 1874, la mère de Bruno Heydrich, devenue veuve, s'était remariée avec un serrurier  protestant du nom de Gustav Robert Süss, patronyme fréquemment - mais abusivement - associé à la judéité.

L'anecdote en serait restée là si, en 1916, à la lecture du Musik-Lexicon - l'encyclopédie de la musique et des musiciens allemands, Bruno n'avait découvert, à l'entrée le concernant, une mention le signalant comme "compositeur juif".

Stupéfaction - Bruno avait en effet neuf ans quand sa mère s'était remariée avec Gustav Robert Süss, lequel n'était donc que son beau-père et pas plus juif que lui - mais surtout inquiétude car, dans l'Allemagne de Guillaume II, même s'ils ne sont plus victimes de pogroms, les Juifs sont encore loin d'être appréciés et reconnus comme citoyens à part entière, et surtout comme des citoyens auxquels les bons bourgeois catholiques et protestants de Halle seraient prêts à confier leurs enfants.

Pour rétablir sa réputation, mais aussi sauver son gagne-pain, Bruno, qui n'est ni plus ni moins antisémite que n'importe quel autre allemand de l'époque, Bruno, donc, intente un procès public à l'éditeur, un procès qu'il gagne lorsqu'il apparaît que l'article le concernant a en fait été rédigé par un ancien élève qu'il avait lui-même chassé de son Conservatoire, et qui a donc agit par vengeance personnelle

Mais si l'affaire est gagnée au plan juridique, et l'encyclopédie révisée dès l'édition suivante, le mal est fait et les soupçons de "judéité", à présent éveillés, vont perdurer dans les années à venir, alimentés notamment par le fait qu'un des oncles de la mère de Reinhard a lui-même épousé une juive....

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