Mais s'il n'est pas un génie militaire, et s'il confond trop souvent ses rêves de conquête avec des objectifs réalisables sur le terrain, ce n'est pas non plus le complet béotien, ni le total hystérique, que ses généraux, pour se dédouaner eux-mêmes de la défaite, s'acharneront à décrire après la guerre.
En maintes occasions, comme lors de la Campagne de France où il a forcé l'État-major à revoir complètement le plan d'invasion, l'homme est capable de subtilité et même d'une surprenante compréhension des forces, faiblesses et desseins de ses adversaires,
S'agissant de l'Unternehmen Cerberus, "Opération Cerberus", c-à-d du retour en Allemagne des Scharnhorst, Gneisenau et Prinz Eugen, le Führer tient le pari que les Britanniques raisonnent comme ses propres amiraux et, parce qu'ils le jugent impossible, n'ont rien prévu pour faire face un retour à travers La Manche.
De fait, malgré son écrasante supériorité numérique sur la Kriegsmarine, la Royal Navy n'entretient en Manche qu'une dizaine de destroyers à plusieurs heures d'appareillage, et une trentaine de vedettes lance-torpilles pas du tout préparées à affronter de grands navires de lignes.
Pour ne rien arranger, ces bâtiments ne pourront compter sur le soutien de la RAF et de la Fleet Air Arm, totalement prises au dépourvu et incapables de lancer une attaque coordonnée alors que - pour une fois ! - la collaboration entre la Kriegsmarine et la Luftwaffe va au contraire s'avérer excellente, ce qui offrira aux navires allemands une solide couverture aérienne tout au long de leur parcours...

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