mercredi 9 janvier 2013

3596 - "à un détail-près"

... la chute de la France, à l’été 1940, n’avait pas seulement privé la Kriegsmarine d’un adversaire : elle lui avait surtout livré de nombreux ports qui, à la différence des ports allemands, offraient un accès direct sur l’Atlantique.

"A un détail-près", ces ports, qui avaient cruellement manqué à la Kaiserlische Marine en 1914-1918, constituaient des bases opérationnelles idéales pour cette Kriegsmarine de 1941, dont les rares bâtiments de surface ne pouvaient être engagés que contre le trafic marchand allié, à l’image des croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau qui, après deux mois de mer et 22 cargos détruits, avaient finalement rallié Brest le 22 mars.

"A un détail-près"... c-à-d l’Aviation de bombardement qui, en l’espace d’une génération, avait atteint l’âge adulte et représentait à présent un danger mortel pour tous les navires en mer et, a fortiori, pour tous ceux immobilisés au mouillage !

Pour protéger ces derniers dans des ports aussi exposés que les ports français, il fallait toujours davantage de chasseurs, et toujours davantage de pièces de DCA, ce qui coûtait extrêmement cher et ne pouvait de toute manière garantir une sécurité totale, comme les Scharnhorst et Gneisenau allaient bientôt en faire la douloureuse expérience...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Il y a un autre "détail" qui compte dans cette histoire:
Le port de St Nazaire s'était agrandi dans les années 30 et équipé d'une gigantesque cale de radoub pour la nouvelle génération de super paquebots inaugurée avec le Normandie (les anglais parlesnt de Normandie dock alors que le vrai nom est la Forme Joubert, du nom de l'ancien directeur du port autonome de St Nazaire).

Les anglais savaient très bien que sans cales sêches une flotte de guerre est condamnée à terme (Cf le massacre de Tsushima où les cuirassés russes n'avaient pas pu caréner) ou encore la défaite de l'Emden façe au Sydney durant la guerre de 14 (sa croisière en eaux tropicales l'avait couvert de bernicles malgré les efforts de son équipage et des carénages à l'ancienne sur des atolls perdus du Pacifique)....ils avaient donc lancé un très audacieux raid sur St Nazaire: des commandos avaient plastiqué les stations de pompage mais surtout un destroyer anglais (le cambeltown, un vieux tas de ferraille américain "prêté" dans le cadre de l'accord destroyers for bases ) avait été bourré d'explosifs et lancé contre la gigantesque porte caisson du dock Joubert, qui était une prouesse d'ingéniérie des années 30 (elle sert encore de nos jours)...

Du coup les facilités de carénage et de réparations étaient à Brest...bien plus accessibles aux bombardiers anglais.
Signe de l'importance de ce raid, les anglais n'avaient pas hésiter à faire usage des codes allemands décryptés pour faciliter l'approche du cambeltown, qui avait été soigneusement camouflé pour que sa silhouete ressemble à celle d'un navire allemand.

Quand on sait à quel point les anglais avaient la frousse d'un changement des codes allemands, çà situe le niveau de leurs priorités