
... ni les objections ni les suppliques de Jellicoe n’ayant réussi à faire fléchir Churchill, les Inflexible et Invincible ont donc quitté Scapa Flow le 4 novembre pour le Sud de l’Angleterre, afin de se préparer à leur long voyage outre-mer.
Car de l’Angleterre aux Falklands, il y a près de 13 000 kms à parcourir, ce qui pour des navires qui chauffent au charbon, n’est pas une mince affaire (1) et va d’ailleurs imposer plusieurs escales et la présence de nombreux charbonniers ravitailleurs.
Mais le 10 novembre, alors que les deux croiseurs de bataille, chargés de houille jusqu’à la gueule, sont à présent sur le départ, un brouillard à couper au couteau s’abat sur le Solent.

Heureusement, quelqu’un à l’Amirauté a alors la bonne idée de se souvenir d’un étrange ingénieur américain, Elmer Sperry, qui, quelques temps auparavant, est venu offrir ses services ou plus exactement ceux d’un non moins étrange "gyrocompas" de son invention.
Le temps de le rattraper à son hôtel, de le jeter dans un train avec son "machin américain", puis d’installer celui-ci sur la passerelle de l’Invincible, et les deux navires peuvent enfin appareiller et même, grâce au mystérieux appareil, sortir du Solent l’un derrière l’autre en plein brouillard et sans s’échouer !
(1) après-guerre, toutes les marines du monde entreprendront d’ailleurs la - fort coûteuse - conversion de leurs bâtiments de guerre à la chauffe au mazout, plus efficace et plus facile à transborder de navire en navire, y compris en pleine mer
(2) très sensibles aux masses métalliques, ces compas devaient régulièrement être recalibrés, en particulier après des travaux sur le blindage ou l’armement.
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