
En nombre de cuirassés comme de croiseurs de bataille, la Grand Fleet dispose certes d’une confortable avance sur la Hochseeflotte (2) allemande, mais il suffirait d’un rien, et en particulier d’un décision malheureuse de l’intéressé, pour que cette avance soit réduite à néant, avec des conséquences potentiellement catastrophiques sur le déroulement de la guerre en Europe, ce pourquoi le Premier Lord de l’Amirauté, un certain... Winston Churchill, a dit de Jellicoe qu’il était bien "le seul homme capable de perdre la guerre en un après-midi", boutade que Jellicoe, on s’en doute, n’a que fort modérément apprécié, et qu’il est bien décidé à démentir.
Et la meilleure manière d’y arriver est évidemment de ne prendre aucun risque, et surtout de ne disperser à aucun prix les moyens dont il dispose, et ce afin de toujours être en mesure de se présenter face à l’ennemi avec davantage de navires que lui,... quel que soit le moment où le dit ennemi se décidera enfin à apparaître (3)
C’est dire la consternation de Jellicoe lorsqu’il a appris que Churchill, mais aussi le Premier Lord de la Mer John Fischer, entendaient le priver, et pour plusieurs semaines, de deux de ses croiseurs de bataille - en l'occurrence les Inflexible et Invincible - "en vue d’une mission secrète de la plus haute importance" (4)
(1) durant la 1ère G.M. la Grand Fleet était la composante principale de la Royal Navy
(2) équivalant allemande de la Grand Fleet, la Hochseeflotte était la principale composante de la Kaiserliche Marine
(3) ce moment, la Bataille du Jutland du 31 mai 1916, se terminera pourtant sans véritable vainqueur ni vaincu
4) Jacques Mordal, 25 siècles de guerre sur mer, tome 2, page 86
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