mardi 20 novembre 2012

3546 - le poids des traditions


... Coronel, 01 novembre 1914, 16h20

C’est donc au large du port chilien de Coronel que les deux flottes se rencontrent, dans l’après-midi du 01 novembre 1914.

Avec un croiseur léger, deux croiseurs-cuirassés déjà anciens, et un croiseur auxiliaire qui n’est en fait qu’un vieux paquebot armé, l’amiral Cradock n’est certes pas en force, et la sagesse - ou la simple logique - lui imposerait d’ailleurs de battre en retraite.

Mais depuis Nelson, il n’est pas de coutume, dans la Royal Navy, de refuser le combat, même contre un adversaire supérieur...

Amiral d’une flotte sans passé, donc sans tradition à défendre, Spee n’est pas soumis à ce genre de pression et dispose de toute manière, avec les Scharnhorst et Gneisenau, de croiseurs-cuirassés non seulement plus modernes et mieux armés, mais surtout capables d’utiliser la plus grande partie de leur armement.

Car devant Coronel, la mer s’est considérablement creusée, ce qui interdit aux Monmouth et Good Hope de tirer de leurs casemates (trop) basses, régulièrement noyées par les embruns.

De fait, vers 18h30, alors que les deux flottes, après avoir manœuvré pendant plus de deux heures, se retrouvent maintenant sur des routes à peu près parallèles - donc en principe en mesure d’utiliser leurs batteries latérales - les croiseurs-cuirassés britanniques, malgré un nombre de canons théoriquement important, ne peuvent en fait opposer que deux pièces de 234mm et douze de 152mm contre les douze 210mm de leurs adversaires allemands...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour....excellent blog ,
La décision de Craddock d'affronter les navires de Spee, qu'il savait bien plus puissants n'est pas motivée que par la "tradition navale britannique"...Il y a aussi la très controversée décision de l'amiral Troubridge de ne pas affronter (avec ses croiseurs nettement inférieurs) le croiseur de bataille Goeben en Méditerranée au début de la Guerre de 14 : Le Goeben fila à toute vapeur jusqu'à Istanbul où il fut mis au service des turcs (furieux que l'amirauté anglaise ait réquisitionné deux cuirassés à peine sortis des chantiers anglais et destinés aux turcs) et rebaptisé Yavuz Sultan Selim alors que les ottomans se rangeaient aux côtés de l'Allemagne.

Craddock ne voulait pas passer à l'histoire comme un second Troubridge

Le Yavuz sultan Selim avec son équipage de marins allemands coiffés de Fez à l'ottomane fut une "fleet in being" et bien plus que celà, allant fréquemment au combat, contre les grecs et les russes et empêchant les alliés de ravitailler la Russie tzariste par la mer via le Bosphore et la mer Noire...certains l'ont qualifié de navire qui changea le monde (en précipitant la dégringolade du tzarisme et l'avènement de la Révolution bolchévique.)

Troubridge passa en Cour Martiale , il fut blâmé et placardisé mais la suite des évènements montra qu'il avait peut-être été plus prudent que couard (Les croiseurs qu'il commandaient , le Warrior et le Black Prince furent coulés au Jutland et l'infortuné Craddock et ses marins finirent dans "le coffre de Davy Jones").

Craddock avait cependant émoussé le potentiel militaire de l'escadre de Spee (consommation de carburant et surtout d'obus) et lors de la 2° GM on vit lors de la bataille du Rio de la Plata trois croiseurs anglais tenir tête au Cuirassé de poche Graf Von Spee beaucoup mieux armé(en encaissant une quantité invraisemblable de dommages)