mercredi 7 novembre 2012

3533 - de l'inconvénient de n'être que le second


... tout au long de sa brève et pas du tout glorieuse carrière, le Tirpitz fut un navire mal aimé, y compris par ses propres utilisateurs, qui ne pouvaient s’en séparer mais ne savaient pas quoi en faire.

Désuet dès sa mise en service, mais parce qu’il était arrivé le premier, le Bismarck avait eu la possibilité de remporter une grande victoire contre un navire de son espèce, et s’il avait disparu à peine quelques jours plus tard, au moins avait-il eu l’opportunité de mourir, là encore, contre des navires semblables à lui, et dans des circonstances qui l’avaient aussitôt fait entrer dans la légende.

Malheureusement pour lui, le Tirpitz n’avait jamais eu cette chance : sitôt ses essais terminés, la Kriegsmarine, qui craignait qu’il ne subisse le sort de son jumeau, l’avait en effet envoyé en Baltique pour y servir d’épouvantail à de bien fantomatiques navires russes.

En janvier 1942, une opportunité s’était néanmoins présentée, sous la forme des convois de navires marchands que la Grande-Bretagne expédiait en URSS, et contre lesquels le Tirpitz, ainsi que d’autres grands navires de surface, auraient pu jouer le rôle de prédateurs.

Hélas, cette avenue s’était bien vite transformée en un nouveau cul-de-sac, forçant le cuirassé à réendosser sa tenue d’épouvantail, de plus en plus mitée à mesure que les Britanniques lançaient attaque après attaque contre lui.

Et c’est en véritable handicapé, incapable de prendre la mer, que le pauvre Tirpitz, devenu vulgaire ponton à peine flottant, avait fini ses jours, sans jamais avoir eu la possibilité de remplir la mission pour laquelle il avait été conçu...

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