... pour Hitler, l'opération Rösselsprung que cherche à lui "vendre" le grand-amiral Raeder est d'abord et avant tout une source d'anxiété.
A moins de deux semaines du déclenchement de sa nouvelle et gigantesque offensive en URSS (1), le Führer n'est certes pas insensible à la perspective d'annihiler entièrement une des principales sources de ravitaillement de son ennemi Staline, mais les risques encourus par le Tirpitz lui donnent des sueurs froides, car même si ce cuirassé n'a quasiment plus de valeur en tant qu'arme, le symbole qu'il représente encore pour le Reich - surtout après la tragique disparition de son jumeau Bismarck - ce symbole doit être préservé à tout prix.
Et les promesses de Raeder de ne lancer l'opération que si les reconnaissances aériennes ne révèlent aucune menace, ces promesses sont loin de lui paraître suffisantes.
Le Führer, écrira Raeder, "considère que les porte-avions représentent la plus grande menace pour les grands bâtiments. Les porte-avions doivent [donc] être localisés avant l'attaque et doivent être neutralisés par nos avions (Junkers 88) au préalable" (2)
La seule alternative acceptable pour Hitler serait évidemment que les dits porte-avions soient repérés si loin des forces allemandes que leurs appareils ne seraient pas en mesure d'intervenir avant le retrait total de celles-ci, une garantie qui, là encore, ne saurait être obtenue sans la pleine et totale collaboration de la Luftwaffe
"Raeder souligna à Hitler que la Marine était dépendante de l'Aviation pour des reconnaissances aériennes adéquates; il suggéra que l'Aviation devrait [donc] se concentrer sur cette tâche au détriment de ses propres attaques sur le convoi" (3)
Une suggestion que les aviateurs, on s'en doute, ne seront guère enclins à suivre...
(1) L'Opération Fall Blau, qui débouchera sur la catastrophe de Stalingrad, sera lancée le 28 juin
(2-3) Irving, op. cit., pages 24-25
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