dimanche 24 juin 2012

3397 - "l'opération est justifiée si la moitié réussit à passer"

... Londres, 17 mai 1942

Les tragédies sont presque toujours précédées d'une multitude d'avertissements qui, si on les écoute, devraient permettre sinon de les prévenir, du moins d'en minimiser les conséquences, mais que l'on préfère ignorer, pour de bonnes comme pour de mauvaises raisons.

Et la tragédie du PQ-17 ne fait certes pas exception.

A la réunion du comité des chefs d'État-major du 17 mai 1942, soit quarante-huit heures à peine après la disparition du croiseur Trinidad, Winston Churchill va en effet mettre les points sur les i, en exposant crument aux militaires la position officielle des politiques à l'égard des convois vers la Russie

"Non seulement, le Premier Secrétaire Staline mais aussi le Président Roosevelt s'objecteront avec véhémence si nous prenons à présent la décision de cesser les convois. Les Russes sont en pleine bagarre et s'attendent [donc] à ce que nous prenions les risques et payions le prix qu'implique notre contribution. Les cargos américains [à destination de l'URSS] sont occupés à s'entasser. Mon sentiment personnel, [bien que] mêlé d'anxiété, est que le convoi [le PQ-16] devrait appareiller le 18".

Et Churchill de conclure que, pour lui, "L'opération est justifiée si la moitié [du dit convoi] réussit à passer" (1)

Dit autrement, si la moitié des fournitures envoyées par Roosevelt à Staline est finalement envoyée par le fond, cette moitié-là démontrera quand même aux deux hommes, et à leur nation respective, toute la détermination de Churchill, et de la Grande-Bretagne, à poursuivre la lutte !

Si on ajoute à cette glaciale équation la volonté de l'Amirauté britannique de ne pas exposer davantage ses précieux navires de surface, le sort qui attend les malheureux cargos civils ne fait à présent plus de doutes...

(1) Irving, op. cit, page 14

Aucun commentaire: