mercredi 9 mai 2012

3351 - faute de renseignements...

... s'il occupe quasiment toute la place, Douglas MacArthur n'est assurément pas le seul militaire à blâmer dans la tragédie coréenne.

Infiniment moins connu que lui, le Brigadier général Charles Willoughby n'en occupe pas moins une place de choix au Panthéon des échecs : de l'agression nord-coréenne en juin 1950 au limogeage de MacArthur en avril 1951, en passant bien sûr par la grande offensive chinoise de novembre 1950, le service de renseignement dirigé par l'intéressé - et le seul autorisé par MacArthur en Corée ! - s'avéra en effet systématiquement incapable de deviner les intentions de l'adversaire comme d'en apprécier les effectifs et la valeur.

Pour ceux qui le côtoyèrent durant cette période, Willoughby n'était qu'un vulgaire amateur, même pas éclairé, et surtout un amateur qui ne livrait jamais à MacArthur - et à travers lui à l'ensemble de l'appareil politico-militaire américain - que les informations que MacArthur avait envie de lire ou d'entendre

Lors de la Guerre du Pacifique, cette constante volonté de ne jamais rien révéler de déplaisant à son chef, qu'il servait depuis 1941, avait déjà coûté fort cher, notamment à Peleliu, mais en Corée, elle atteignit des proportions dramatiques et véritablement criminelles, en particulier après le franchissement du 38ème Parallèle, lorsque l'intéressé ne cessa plus de sous-estimer - et dans des proportions gigantesques ! - le nombre de soldats chinois ayant déjà franchi le Yalu en prévision de leur offensive.

MacArthur, qui savait que ce genre d'informations bouleverserait le Pentagone et la Maison Blanche au point de les pousser à sonner la retraite, MacArthur n'avait évidemment aucune envie d'apprendre que des centaines de milliers de soldats chinois se trouvaient déjà entre lui et son objectif de réunifier toute la Corée à l'ombre du drapeau américain, mais des milliers de soldats Nations-Unies, en ce compris américains, allaient bel et bien payer cet aveuglement volontaire de leur propre vie...

Constamment dans l'ombre du grand homme, Willoughby n'eut d'autre choix que de prendre sa retraite et de quitter l'armée peu après le congédiement de ce dernier, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à travailler comme lobbyiste et conseiller plus ou moins occulte, d'abord au profit du général Franco (dont il avait, tout comme MacArthur, toujours été un fervent admirateur), puis à celui de diverses organisations d'extrême-droite, et ce jusqu'à sa mort, en octobre 1972, à l'âge de 80 ans...

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