vendredi 4 mai 2012

3346 - manquement au devoir

... après l'intervention chinoise, et la désastreuse retraite depuis le Yalu, on aurait compté sur les doigts d'une seule main ceux qui, dans les hautes sphères du Pentagone, approuvaient encore la décision de MacArthur d'avoir franchi le 38ème Parallèle.

Mais après Inchon, après la reconquête de Séoul, personne au Pentagone ne l'avait davantage condamnée, tant la poursuite d'un ennemi en pleine retraite constituait, pour tous les militaires de carrière du monde entier, un comportement naturel, et une nécessité qui ne souffrait aucune discussion.

On pouvait certes reprocher à MacArthur d'avoir gravement péché par optimisme et de s'être entêté jusqu'à l'absurde en faisait fi de toutes les évidences mais, une fois de plus, personne au Pentagone n'avait osé y mettre un terme. Et si beaucoup avaient pressenti la catastrophe, tous parmi ceux-là s'étaient simplement contentés d'attendre - voire d'espérer ! - qu'elle se produise, trahissant par là-même leur devoir le plus élémentaire à l'égard des soldats qui, sur le terrain, allaient payer de leur vie les erreurs et la folie de MacArthur.

Et lorsque la catastrophe était finalement survenue, personne là encore n'avait osé dicter la conduite à tenir à un MacArthur qui venait pourtant de dégringoler de son piédestal : peut-être parce qu'ils craignaient que le grand homme ne réussisse, une fois de plus, par rebondir, les hauts responsables du Pentagone s'étaient avérés incapables de l'empêcher de jeter le bébé avec l'eau du bain, c-à-d dans son cas de repasser, mais cette fois dans l'autre sens, le 38ème Parallèle avec toute son armée.

"Ça ne servirait à rien, il n'obéirait pas aux ordres", avait alors avoué, non sans candeur, Hoyt Vandenberg, chef d'État-major de l'Armée de l'Air, à un Matthew Ridgway estomaqué par cette totale absence de réaction (1)...

(1) Saviez-vous que... 3197

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