mercredi 29 février 2012

3281 - de l'importance de la première impression

... en cherchant à ménager la toujours si délicate "sensibilité asiatique", en acceptant le choix - tout sauf neutre - du site de Kaesong, et en supportant sans trop renâcler les multiples petites brimades et vexations que les Nord-Coréens, jour après jour, se plaisent à imaginer et à leur imposer, les Américains - Ridgway le reconnaîtra dans les années suivantes - ont péché par naïveté et se sont eux-mêmes placés dans la délicate position de celui venu solliciter les faveurs d'un supérieur.

Dans les jours, et surtout les mois, qui vont suivre, ils vont bien évidemment s'ingénier à "rectifier le tir", mais, comme c'est souvent "la première impression qui compte", celle-ci les a dores et déjà placés en bien fâcheuse position pour la suite.

Curieusement, si Chinois et Nord-Coréens manifestent un soin maniaque pour les détails les plus insignifiants - comme le nombre et les horaires des estafettes qui acheminent les messages vers et depuis Munsan-Ni (1) - ils se montrent beaucoup plus vagues sur le plan pratique.

A son retour de Kaesong le 4 août, soit après plus de trois semaines de palabres byzantins, l'amiral Joy n'a d'ailleurs strictement rien de concret à raconter à Ridgway, si ce n'est bien sûr l'édifiant compte-rendu des malheurs et des difficultés que ne cesse de rencontrer la délégation onusienne.

Furieux, l'ancien officier de paras met alors pour la première fois le poing sur ta table ou, plus exactement, décide de suspendre les pourparlers sine die et jusqu'à ce que Chinois et Nord-Coréens reviennent à de meilleurs sentiments et acceptent en particulier de démilitariser entièrement la zone des pourparlers...

(1) comme il n'était pas question d'héberger les délégués et tous leurs assistants, chauffeurs et accompagnateurs à Kaesong, les Nations-Unies avaient établi leur camp de base quelques kilomètres plus loin, à Munsan-Ni, en territoire sud-coréen.

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