samedi 4 février 2012

3256 - "La guerre est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux militaires",

... Washington, vendredi 6 avril 1951

"La guerre est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux militaires", affirmait Clémenceau, une opinion que partage entièrement Truman qui, le 6 avril, au lendemain de la lecture de la lettre de MacArthur à la Chambre, écrit : "MacArthur a lancé une autre bombe politique via Joe Martin (...) C'est la dernière goutte qui fait déborder le vase. Insubordination"

Et après avoir dressé la liste de tout ce qu'il lui reproche depuis de longs mois, le Président des États-Unis en arrive à l'inévitable : "J'en suis venu, écrit-il, à la conclusion que notre Grand Général d'Extrême-Orient doit être limogé" (1)

Reste néanmoins à passer à l'acte, et surtout à en assumer les conséquences, car si le Président n'a pas grand-chose à redouter du Pentagone et de l'État-major combiné - où le grand homme s'est fait bien trop d'ennemis - il en va tout autrement de l'opinion publique - toujours sous le charme du héros de la 2ème G.M. - et de l'Opposition républicaine, où l'intéressé a de nombreux supporters qui ne manqueront pas de surfer sur la vague d'indignation populaire que provoquera son renvoi.

En définitive, et quels que soient ses griefs, Truman donnerait n'importe quoi pour épargner à lui-même et à son parti ce qui s'annonce comme le combat le plus difficile et le plus controversé de son mandat.

Avec MacArthur, dira Truman, "la difficulté était qu'il voulait être le Proconsul, l'Empereur d'Extrême-Orient. Il avait oublié qu'il n'était juste qu'un général dans une armée aux ordres de son commandant-en-chef, le Président des États-Unis" (2)

(1) ibid, page 602
(2) ibid, page 605

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