mardi 24 janvier 2012

3245 - "l'enjeu pour lequel nous nous battons à présent est bien plus grand que la Corée"

... Suwon, 28 janvier 1951

En débarquant à Suwon, où il a été immédiatement accueilli par Ridgway, le grand homme ne s'est pas privé d'exprimer le fond de sa pensée.

"C'est exactement ici que je suis venu il y a sept mois pour débuter cette croisade", a-t-il en effet déclaré dès sa descente d'avion, "Cependant", a-t-il ajouté, "l'enjeu pour lequel nous nous battons à présent est plus grand que la Corée : c'est pour une Asie libre" (1)

Il n'en fallait pas plus pour semer la consternation à Washington ainsi que chez tous les alliés des États-Unis - Britanniques en tête - peu soucieux de s'embarquer dans pareille aventure.

Mais au Pentagone-même, les déclarations de l'intéressé ont fait l'effet d'une bombe. Pour beaucoup, à commencer par Omar Bradley, cette volonté sans cesse réaffirmée d'étendre le conflit coréen relève même d'une tentative désespérée - et assurément fort malvenue - pour réhabiliter une réputation militaire perdue.

Cette déclaration de MacArthur, écrira Bradley, trouvait tout bonnement son origine dans le fait que "Les Chinois rouges (2) avaient ridiculisé l'infaillible "génie militaire" (...) Le seul moyen qui restait à présent à MacArthur pour recouvrer son orgueil et sa réputation était d'infliger une écrasante défaite à ces mêmes généraux chinois qui l'avaient ridiculisé. Pour y arriver, il était parfaitement disposé à nous précipiter tous dans une guerre totale avec la Chine rouge et peut-être même avec l'Union Soviétique. déclenchant [ainsi] la Troisième Guerre mondiale et un holocauste nucléaire" (3)

(1) Halberstam. op. cit. page 592
(2) par opposition aux Chinois nationalistes de Chiang Kaï-Shek
(3) ibid, pages 592-593

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