jeudi 8 décembre 2011

3198 - la retraite de Corée

Pyongyang, 4 décembre 1950

A Tokyo, une semaine auparavant, alors que la 2ème Division d'Infanterie s'apprêtait à entamer son retrait, Walton Walker avait dit à MacArthur qu'il pensait pouvoir établir une ligne de défense au point le plus étroit de la Péninsule.

Mais la retraite s'étant muée en quasi-débâcle, les pertes en hommes et en matériels se sont avérées bien plus lourdes qu'espéré en sorte qu’avec les moyens dont il dispose encore, il est à présent douteux qu’il soit réellement en mesure de tenir cet axe "Pyongyang-Yangdok-Wonsan" qui, d'Ouest en Est, s'étend tout de même sur près de 200 kms.

Pour ne rien arranger, les longs mois de guerre sur ce terrain ô combien inhospitalier, et les incessantes querelles avec Almond et MacArthur, ont prématurément usé cet homme dont beaucoup pensent qu’il vient d’atteindre, avec le désastre de Sunchon, son propre seuil d’incompétence.

A l’évidence, Walker, le héros de la résistance américaine à Pusan, n’y croit plus,… mais MacArthur n’y croit pas davantage et, dans la conquête comme dans la retraite, c’est MacArthur qui a pris la décision, et choisi de repasser le Rubicon, ou plus exactement le 38ème Parallèle.

Alors, dans les heures et les jours qui vont suivre, par la route ou par les airs, des dizaines de milliers de soldats des Nations-Unies vont entamer un périple de près de 200 kms vers le Sud, et repasser piteusement, en vaincus, une frontière qu’ils avaient franchie, en vainqueurs, à peine deux mois plus tôt.

Laurence "Dutch" Keiser, aura au moins la chance de ne pas assister personnellement à cette humiliation : en tant que commandant d'une 2ème Division d'Infanterie décimée à Kunu-ri, l’infortuné général était naturellement un bouc émissaire idéal qui, quatre jour après la débâcle, avait eu la surprise de recevoir un télégramme de l'État-major l'avisant qu'il "souffrait de pneumonie" et se voyait donc, de ce fait, prié de quitter immédiatement son poste afin de prendre un long repos dans un hôpital de Tokyo.

Un hôpital fort opportunément sis loin des journalistes auxquels il aurait pu raconter qu'en prenant la route de Kunu-ri plutôt que celle d'Anju, il n'avait fait qu'obéir aux ordres de l'État-major, et que ce n'était certes pas lui, mais bien le général MacArthur en personne, qui avait expédié des milliers de soldats américains à l'abattoir dans sa désastreuse et vaine tentative de conquérir la Corée du Nord...

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