... l'annonce de l'offensive chinoise, et des lourdes pertes subies par une armée américaine en pleine retraite, tout cela a naturellement provoqué la stupeur puis la consternation à Washington, où l'on se préparait là aussi à fêter la Victoire.Mais si cette catastrophe coréenne vient de faire perdre la face au général MacArthur, elle a surtout plongé Truman dans l'embarras le plus total.
Sur le papier, le Président tient certes le prétexte idéal qui lui permettrait enfin de se débarrasser une fois pour toutes de ce général qui l'irrite au plus haut point et le défie depuis des années.
Mais politiquement, le résultat serait catastrophique : chez les parlementaires comme dans la Presse, MacArthur conserve en effet de nombreux partisans,... qui se sont déjà empressés de monter au créneau et de relayer l'opinion du général selon laquelle tout ce qui se passe maintenant en Corée n'est en fait que le résultat des mauvaises politiques de la Maison Blanche et en particulier de l'interdiction de bombarder les bases chinoises de l'autre côté du Yalu, ce qui, selon les propres dires du grand homme, le place lui et son armée "sous un énorme handicap sans précédent dans l'Histoire".
Et même si ce Président en chute libre dans les sondages prenait malgré tout la décision suicidaire de limoger MacArthur, ce limogeage provoquerait un véritable cataclysme sur la ligne de Front, où MacArthur et sa Cour contrôlent tout, à commencer par le Renseignement militaire.
A l'heure où, dans la neige et le froid, les troupes américaines luttent pour leur simple survie, cela reviendrait ni plus ni moins à tuer le cheval au milieu du gué et surtout sans disposer, dans l'immédiat, de la moindre solution de remplacement pour sauver l'attelage de la noyade...
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