... Kunu-Ri, 30 novembre, 16h00A Kunu-ri, l’arrière-garde de la 2ème Division d’Infanterie tient encore la ville afin de maintenir ouverte, et aussi longtemps que possible, la route de Sunchon qui n’est pourtant plus qu’une voie à l'issue fatale, un parc à ferrailles doublé d’un immense cimetière.
La nuit va bientôt tomber mais, contrairement à leur habitude, les Chinois, sans doute conscients de la faiblesse des forces qui demeurent face à eux, les Chinois sont cette fois décidés à brusquer les choses et à se lancer immédiatement dans une attaque en grand style.
En face, il est vrai qu'il ne reste effectivement pas grand-chose, sinon quelques centaines d’hommes du 23ème Régiment qui, sachant leur dernière heure venue, sont pourtant bien décidés à vendre chèrement leur peau, et aussi leurs dix-huit obusiers de 105mm pour lesquels ils disposent tout de même, suite à la retraite des autres unités, de plus de 3 000 obus.
Alors, comme pris de frénésie, et au mépris de toutes les règles, les hommes du 23ème enfournent les obus les après les autres. A cette cadence, ils sont sûrs d’endommager irrémédiablement les tubes et les amortisseurs de recul : qu’importe, les canons sont foutus de toute manière.
Lorsque le calme retombe enfin, après 20 à 30 minutes de tir ininterrompu, il ne reste plus un seul obus en caisse,… et pas davantage de Chinois encore à même de se lancer à l’attaque.
Aussitôt, les hommes du 23ème, rendus à demi-sourds, font sauter leurs pièces, puis montent dans les camions pour prendre la route vers Anju, à l’Ouest, et non vers Sunchon, au Sud, comme le prescrivent pourtant les ordres.
A leur grande surprise, il n’y a quasiment aucune troupe chinoise sur la route d’Anju, qu’ils atteignent finalement sans encombre.
Toute la 2ème Division aurait pu passer par là : le général Keiser a simplement fait le choix de la mauvaise route…
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