vendredi 8 juillet 2011

3045 - un impérial détachement

... mais en définitive, la plus grande faiblesse de MacArthur pour cet ultime baroud, c'est qu'il se sent complètement détaché de ce pays qu'on lui demande pourtant de reconquérir.

Même s'il se pique d'orientalisme et de bien comprendre ce qu'il appelle "la mentalité asiatique", le général ne comprend pas et ne s'intéresse nullement à cette Corée où il ne voulait pas mettre les pieds avant la guerre, ni même la "toucher avec une perche de trois mètres".

L'anecdote est significative : tout au long de son futur et ultime commandement, MacArthur ne fera que de rares apparitions en Corée, et jamais plus d'une journée à la fois, reprenant systématiquement son luxueux DC-4 personnel dès la fin de l'après-midi, et ce afin de s'en retourner tranquillement dormir à Tokyo.

Certes, pour un homme de son âge et de sa stature, le Front coréen n'est sans doute pas l'endroit le plus confortable au monde, et avec les moyens de communication modernes, on peut d'autre part légitimement considérer qu'il n'est désormais plus impératif, pour un commandant-en-chef, de se trouver lui-même sur le terrain afin de donner ses ordres à une pléthore de généraux subalternes et de jeunes diplômés de West Point.

Et après tout, et pour ne rester que dans le camp américain, personne n'a jamais reproché au général Eisenhower d'avoir passé toute la Seconde Guerre mondiale fort loin du bruit des explosions et du sifflement des balles, ni au grand amiral Nimitz d'être quant à lui demeuré, tout au long la Guerre du Pacifique, dans son bureau d'Honolulu, à des milliers de kilomètres du plus proche champ de bataille.

Reste qu'au vu des sacrifices qu'il va bientôt exiger des soldats américains présents en Corée, le comportement du général va rapidement faire sinon scandale, du moins beaucoup jaser...

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