... Washington, vendredi 30 juin 1950, 05h00Si l'Amérique a déjà mis les doigts, la main et même l'avant-bras dans l'inexorable engrenage de la guerre, elle ne sait toujours pas comment la mener.
Dans le Ciel comme sur Mer, l'USAF et la Navy n'ont certes rien à craindre des Nord-Coréens, mais malgré la superbe qu'ont affiché aviateurs et marins lors de la réunion du 26 juin, Truman doute qu'ils puissent remporter la guerre à eux seuls, ce qui, considérant d'autre part l'extrême faiblesse de l'armée sud-coréenne, implique alors la quasi-obligation d'expédier également des troupes américaines sur place, angoissante perspective que chacun préférerait éviter.
"Je ne veux pas partir en guerre", a sobrement déclaré en fin de réunion un Président des États-Unis qui pourtant ne sait déjà plus comment y échapper mais qui, avant d'effectuer ce saut décisif dans l'Inconnu, a néanmoins décidé d'envoyer au préalable un vrai fantassin en mission d'inspection, un fantassin qui n'est nul autre que... Douglas MacArthur.
Après un aller-retour éclair en Corée, le grand homme est revenu à Tokyo et, aux premières heures du 30 juin, heure de Washington, a rendu compte de sa mission... et de ses exigences."La seule manière de tenir le Front et de reconquérir le terrain perdu, déclare-t-il, est d'introduire des troupes de combat américaines sur le champ de bataille. Continuer à utiliser nos forces aériennes et navales sans une composante terrestre efficace ne sera pas décisif" (1)
C'est vers cinq heures du matin, heure de Washington, que ce message, mais aussi sa requête pour une force terrestre - un régiment dans l'immédiat, deux divisions à brève échéance (2) - parvient jusqu'à Truman qui, après avoir pris connaissance du premier, accepte immédiatement la seconde.
Les dés sont désormais jetés...
(1) ibid, page 100
(2) une division d'Infanterie américaine se composait à cette époque d'environ 14 000 hommes, répartis en trois régiments de trois bataillons chacun
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