mardi 5 juillet 2011

3042 - les absents ont toujours tort

... Lake Success, New-York, mardi 27 juin 1950

Le dimanche 25 juin 1950, à neuf voix contre zéro et une abstention (celle de la Yougoslavie), le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté la Résolution 82 qui, après avoir constaté l'acte d'agression de la Corée du Nord contre sa voisine du Sud, exige l'arrêt immédiat des hostilités, suivi du retrait de la première citée sur ses frontières du 38ème Parallèle.

Kim Il-Sung ne manifestant aucune intention d'obtempérer à ce qu'il considère comme une simple gesticulation de bureaucrates falots vendus à l'impérialisme américain, les mêmes membres du Conseil de Sécurité se sont à nouveau réunis deux jours plus tard, mardi 27 juin, pour voter une nouvelle résolution, cette fois beaucoup plus musclée.

Après avoir constaté le refus de la Corée du Nord de se soumettre à la Résolution 82, la Résolution 83 recommande en effet "aux Membres de l'Organisation des Nations Unies d'apporter à la République de Corée [du Sud] toute l'aide nécessaire pour repousser les assaillants et rétablir dans cette région la paix et la sécurité internationales".

Membre permanent du Conseil de Sécurité depuis sa création, l'URSS y dispose d'un droit de veto qui lui permettrait de tuer immédiatement cette résolution dans l’œuf.

Le problème, c'est que Staline, qui n'a jamais eu que mépris pour des Nations-Unies auxquelles il n'a adhéré que par calcul, a décidé, en janvier 1950, et dans une réaction quasi-infantile, de boycotter purement et simplement le Conseil de Sécurité, et ce afin de protester contre la présence de la Chine nationaliste (et pas de la Chine communiste) à ce même Conseil (1)

Grave erreur - les absents ont toujours tort - dont les Américains vont aussitôt profiter en faisant adopter la Résolution 83 par sept voix (2) contre une (celle de Yougoslavie), ce qui, à défaut de gros moyens supplémentaires, va du moins leur assurer une base légale (3) dans les trois années qui vont suivre...

(1) la Chine communiste n'accèdera au rang de membre permanent du Conseil (donc avec droit de veto) qu'en 1971, en remplacement de la Chine nationaliste
(2) bien que présentes, l'Égypte et l'Inde n'ont pas voulu participer au vote
(3) la légalité de cette résolution fut bien entendu contestée ensuite par l'URSS. Les juristes en discutent encore aujourd'hui...

Aucun commentaire: