vendredi 1 juillet 2011

3038 - ne pas rester assis

... de plus en plus nombreuses au fil des heures, bien qu'encore fragmentaires et souvent filtrées par le quartier-général de MacArthur, les informations en provenance de Corée font toutes état d'un effondrement de l'armée sud-coréenne, bientôt suivi par la fuite de tout le gouvernement, puis l'évacuation de la capitale elle-même.

Que faut-il faire à présent ?

La Corée - nous l'avons vu - n'a jamais intéressé l'Amérique, et sur le plan militaire, MacArthur, en dépit de sa paresse réactionnelle, a certainement raison de juger la partie perdue et d'estimer que la seule chose qui importe encore est d'en extirper au plus vite les ressortissants américains.

Mais politiquement parlant, c'est une toute autre affaire !

Depuis 1947, la "Doctrine Truman" (1) stipule en effet que les États-Unis, à présent superpuissance mondiale, ont le devoir de "maintenir la liberté des États du monde et de les protéger de l'avancée communiste",... c-à-d, in fine, de les mettre à l'abri des visées de l'URSS, autre superpuissance mondiale.

Or, juste avant de quitter l'aéroport d'Haneda, le Républicain Dulles, qui revient précisément de Corée, a expédié au Démocrate Truman un télégramme dans le droit fil de cette doctrine.

Si les Sud-Coréens s'avèrent incapables de résister par eux-mêmes, les États-Unis, souligne Dulles, se doivent d'intervenir, attendu que "rester assis pendant que la Corée est conquise par la force et sans provocation déclencherait une chaîne d'événements dramatiques menant plus que probablement à une guerre mondiale" (2)

La "Théorie des dominos", qui ne sera formalisée par Eisenhower que quatre ans plus tard, vient de pousser ses premiers vagissements...

(1) également appelée "doctrine de l'endiguement"
(2) ibid, page 89

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