vendredi 24 juin 2011

3031 - tous unis dans une même naïveté

... au lendemain d'Hiroshima et de Nagasaki, au lendemain de la Capitulation japonaise, les diplomates américains avaient imaginé un monde où les conflits futurs se régleraient par la négociation et sous l'entremise des Nations-Unies, elles-mêmes naturellement placées sous la tutelle bienveillante des États-Unis.

A leur manière, les militaires américains n'étaient pas loin de partager cette touchante naïveté, et c'était particulièrement vrai de ceux de l'Air Force, qui juraient à qui voulait les entendre que personne n'oserait jamais contester l'arbitrage de leurs gros quadrimoteurs de bombardement, surtout lorsque porteurs de l'arme nucléaire.

Cinq ans plus tard, l'illusion ne s'est guère dissipée, et chacun au Pentagone demeure donc convaincu que, bien qu'obsolescents, les quelques dizaines de Boeing B-29 basés à Okinawa suffiront amplement à faire entendre raison au petit atrabilaire nord-coréen au cas, bien improbable, où celui-ci se déciderait à passer à l'action.

Personne ne semble réaliser que la Corée, pauvre, montagneuse et encore essentiellement agricole, n'abrite finalement que très peu d'objectifs "de valeur", c-à-d méritant le prix d'une bombe, et à peine plus nombreux sont ceux pour se rappeler que même les bombardements les plus massifs de la 2ème G.M. ont été incapables d'emporter la décision.

Contrairement à ce qu'avaient pronostiqué Douhet et ses partisans dans les années 1920 et 1930, les frappes stratégiques opérées en territoire ennemi, loin derrière le Front, n'ont en effet pas réussi à pousser les populations civiles à se révolter contre leurs dirigeants afin d'exiger - et d'obtenir - la cessation des hostilités.

Propagande et répression se sont au contraire avérées bien plus efficaces - ou du moins bien plus dissuasives - que les bombes, et l'on aurait pu - et dû - comprendre que le "tout aérien" encore prôné cinq ans plus tard dans les couloirs du Pentagone n'avait aucune chance d'ébranler un pays comme la Corée du Nord, non seulement aussi répressif et dictatorial qu'avaient pu l'être, en leur temps, l'Allemagne et le Japon, mais de surcroît bien moins développé et industrialisé qu'eux.

D'autant que le régime de Pyongyang pouvait à présent, grâce à son parrain soviétique, compter lui aussi sur l'arme nucléaire...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Très intéressant d'apprendre les détails de ce conflit que je connais peu...
Merci pour cette lecture passionnante.
Pascal :-)