mardi 21 juin 2011

3028 - le problème MacArthur

... Tokyo, mai 1950.

Au Japon depuis près de cinq ans, Douglas MacArthur est plus que jamais déconnecté de la réalité coréenne, pour ne pas dire de la réalité tout court.

A 70 ans, cette icône de l'Amérique triomphante souffre de fréquents tremblements - que beaucoup attribuent au Parkinson - et surtout d'une ouïe déficiente, qui le pousse à fuir comme la peste toutes les réunions d'État-major.

De toute manière, Mac Arthur n'a que faire d'entendre ou non ses interlocuteurs : il n'a jamais écouté que lui-même, avant-guerre déjà, lorsqu'il ne cessait d'affirmer à un auditoire hypnotisé que les Japonais n'attaqueraient jamais sa "forteresse des Philippines"; puis, surtout, lors de la Reconquête de ces mêmes Philippines, entreprise certes victorieuse dans son résultat mais passablement brouillonne dans son exécution et, surtout, poursuivie, dans ses derniers mois, sans que l'on sache trop pour quelle raison (1),... si ce n'est bien sûr la volonté personnelle de l'intéressé de purger de toute présence japonaise un territoire philippin qu'il a toujours considéré comme son jardin privé, et dirigé comme un proconsul romain.

Comme on pardonne tout aux vainqueurs, l'Amérique, loin de lui reprocher ses errements, l'a au contraire érigé en Trésor national intouchable : même sa fuite de Corregidor (12 mars 1942), certes menée sur ordre de Washington mais avec épouse et domesticité au grand complet au moment-même où des milliers de soldats américains étaient condamnés à la captivité puis à la mort, même cette fuite n'a nullement entamé le prestige du grand homme qui, fin août 1945, a d'ailleurs été nommé Commander of the Allied Powers (SCAP) en Asie, ce qui, en théorie, lui donne également les pleins pouvoirs en Corée.

Une Corée dont il n'a pourtant nullement l'intention de s'occuper...

(1) Saviez-vous que... "I came out of Bataan and I shall return"

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