vendredi 17 juin 2011

3024 - "Si vous vous retrouvez à terre, je ne lèverai pas le petit doigt"

... Moscou, 10 avril 1950

De passage dans la capitale soviétique, Kim Il-Sung est venu une fois de plus plaider la cause nord-coréenne et, surtout, régler avec Staline - qu'il va rencontrer à trois reprises - les derniers détails d'une opération militaire qu'il brûle plus que jamais d'entreprendre, au point, comme il l'a mentionné début janvier au nouvel ambassadeur nord-coréen en route vers Pékin, "de ne plus en dormir la nuit".

Mais malgré toutes les assurances de Kim, le "Petit Père des Peuples" ne serait pas ce qu'il est s'il ne conservait une solide méfiance, et une non moins considérable prudence, à l'égard de ses pupilles.

"Si vous vous retrouvez à terre, je ne lèverai pas le petit doigt", a-t-il finalement déclaré à Kim le 25 avril, "vous devrez vous adresser à Mao pour obtenir de l'aide !" (1)

Mao, qui a quant à lui besoin de l'aide matérielle des Soviétiques pour moderniser et industrialiser son propre pays, n'est du reste nullement opposé à fournir à Kim ce dont la Chine dispose le plus, c-à-d de la chair à canon.

Le 13 mai suivant, lors d'une réunion secrète à Pékin, il va d'ailleurs proposer à ce dernier de déployer, à titre préventif, plusieurs divisions chinoises à la frontière nord-coréenne "juste au cas" où les Américains, contre toute attente, se décideraient finalement à intervenir...

(1) David Halberstam, The Coldest Winter, page 50

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