2952 - contraint et forcé

... contrairement à Mussolini, Hitler n'a aucune visée - ni aucune vision - sur la Méditerranée, et c'est bien là le problème.

Pour le Führer, la seule bataille qui compte, le grand-oeuvre de sa vie, revendiqué dans Mein Kampf dès le milieu des années 1920, tout cela se trouve à l'Est, dans la conquête d'un lebensraum aux dépens de l'URSS.

A ce titre, la Méditerranée ne constitue, au mieux, qu'un Front (très) secondaire, auquel il ne s'intéresse - et ne s'intéressera jamais - que par obligation, par fidélité envers son allié italien... et surtout parce que la chute du dit allié menacerait alors les arrières de ses armées occupées à envahir l'Union soviétique.

De fait, c'est uniquement contraint et forcé par les événements, et non par une quelconque stratégie personnelle, qu'à partir de janvier 1941, le dictateur va commencer à expédier des appareils de la Luftwaffe en Sicile, pour qu'ils y appuient l'offensive italienne contre Malte.

Mais tel un doigt coincé dans un inexorable et mortel engrenage, l'engagement des forces allemandes sur ce théâtre d'opérations pourtant secondaire ne fera qu'augmenter au fil des mois, puisqu'entre février et mars 1941, on verra un corps expéditionnaire complet - l'Afrika Korps - débarquer, avec ses fantassins et ses blindés, en Libye italienne, et ce afin d'empêcher l'effondrement des armées du Duce en complète perdition.

C'est pour la même raison que, le 6 avril suivant, la Wehrmacht partira à l'assaut de la Grèce, liquidant en seulement trois semaines un adversaire contre lequel les Italiens butent désespérément depuis cinq mois.

C'est pour maintenir l'Italie dans la guerre que, de novembre 1942 à mai 1943, on verra l'Allemagne nazie engloutir en Tunisie des ressources militaires pourtant vitales sur le Front de l'Est

Et c'est pour pallier la défection de l'allié italien que l'on verra finalement, le 8 septembre 1943, cette même Allemagne nazie envahir et occuper la Péninsule, où elle résistera - non sans succès - jusqu'en mai 1945...