2940 - entre hyperactivité et léthargie

... s'ils se décidaient à "mettre le paquet", les aviateurs italiens pourraient certainement annihiler les faibles défenses de Malte, mais aussi contribuer à renforcer un blocus que les marins italiens, s'ils se décidaient à sortir de leurs ports, n'auraient quant à eux aucun mal à lui imposer.

Seulement voilà : après avoir fait illusion tout au long de la Guerre d'Espagne, la Regia Aeronautica est à présent dépassée autant par l'obsolescence de plus en plus rapide de ses matériels que par les velléités guerrières de plus en plus nombreuses du Duce, lequel va allègrement disperser les faibles moyens dont elle dispose en les envoyant au Somaliland (3 août) et en Égypte (9 septembre), mais aussi contre l'Angleterre (10 septembre) et la Grèce (28 octobre), et finalement contre l'URSS (en juin de l'année suivante) !

Par contraste à cette hyperactivité, la Regia Marina va se caractériser par sa grande léthargie : les marins italiens ont beau posséder de rutilants cuirassés et croiseurs, ils n'osent les sortir en mer, et d'autant moins que lorsqu'ils s'y risquent enfin, c'est pour accumuler les déconvenues, comme à Punta Stilo (9 juillet), où l'escadre italienne menée par l'amiral Campioni, et comprenant notamment les cuirassés Conte di Cavour et Giulio Cesare, devra piteusement battre en retraite, poursuivie par la vindicte, et les obus de 380mm, du pourtant vénérable cuirassé Warspite.

Pas question, dans ces conditions, d'entreprendre un véritable blocus maritime de Malte, lequel risquerait d'exposer les précieux navires aux mauvais coups de cuirassés et croiseurs anglais partis d'Alexandrie ou de Gibraltar, et soutenus par des porte-avions dont la Regia Marina n'a quant à elle jamais voulu se doter mais qui, malheureusement pour elle, vont rapidement devenir l'arme absolue de la guerre navale.

Mais au-delà des faiblesses des uns et de autres, le véritable problème des Italiens, et plus tard des Allemands, c'est surtout de ne pas comprendre la véritable importance de ce qui n'est en apparence qu'un petit caillou isolé en Méditerranée...