
... il n'y a aucune "base secrète" du nom de Shangri-la
Et d'ailleurs, Shangri-la n'existe pas : ce n'est que le nom d'une lamaserie fictive du Tibet, dans laquelle l'auteur James Hilton a situé l'action de son roman Lost Horizon ("Horizon perdu"), paru en 1933.
Roosevelt, donc, a menti, d'abord parce qu'il s'est entiché de l'auteur et du roman - il baptisera d'ailleurs du nom de Shangri-la la retraite présidentielle du Maryland aujourd'hui connue sous le nom de Camp David - et ensuite parce qu'il ne tient pas à révéler les détails du raid sur Tokyo, par souci des aviateurs encore piégés en Chine, bien sûr, mais aussi pour se ménager la possibilité de lancer une attaque analogue dans le futur.
En attendant, et faute de Wikileaks, chacun va devoir imiter le mensonge présidentiel, à commencer par les aviateurs eux-mêmes, astreints au secret militaire mais couverts d'honneurs et de décorations, à l'image de leur chef, James Harold "Jimmy" Doolittle, lequel, loin de passer en cour martiale comme il le craignait, a la surprise d'apprendre, le 28 avril 1942, alors qu'il est toujours en Chine et occupé à rechercher et regrouper ses hommes, qu'il vient d'être promu de deux rangs et donc bombardé brigadier-général !
Le 19 mai suivant, de retour aux États-Unis, il va même recevoir la Médaille d'Honneur du Congrès - plus haute distinction militaire américaine - des mains du Président Roosevelt en personne et, le 1er juin suivant, visitant l'usine North American d'Inglewood, d'où les B-25 sortent à présent comme des petits pains, il parlera lui aussi de la "base secrète de Shangri-la"Le 24 février 1944, sa propre épouse bouclera en quelque sorte le mensonge, en baptisant elle-même - et bien entendu au champagne - un nouveau porte-avions de la classe Essex qui, rompant radicalement avec les habitudes de la Navy, porte le nom de... Shangri-la.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire