jeudi 10 mars 2011

2925 - héros ou zéro ?

... rarement, peut-être même jamais, aura-t-on vu un chef d'escadre perdre en une seule mission l'intégralité des avions et des équipages placés sous son commandement.

Et qui, à part peut-être un scénariste d'Hollywood, pourrait imaginer voir le dit chef échapper à la cour martiale après avoir planifié, préparé et dirigé lui-même une opération militaire non seulement calamiteuse en terme de pertes, mais également désastreuse en matière de résultats ?

Car enfin, sur les seize B-25 qui ont décollé du Hornet et qui devaient être mis au service de Chiang Kaï Chek aussitôt après le Raid sur Tokyo, quinze se sont écrasés en Chine tandis que le seizième a été interné, sans espoir de retour, en Union soviétique, ce qui fait donc 100 % de pertes !

Sur les quatre-vingt aviateurs expérimentés qui ont pris leur envol le 18 avril 1942, onze ont été tués ou capturés par les Japonais, cinq emprisonnés par les Russes,... et tous les autres forcés d'errer de cache en cache pendant des semaines avant, pour certains, de pouvoir enfin retourner au combat et, pour d'autres, de devoir hélas accepter la réforme ou un insipide travail de bureau.

Si les pertes matérielles et humaines sont donc considérables, les résultats proprement militaires sont en revanche négligeables, et de toute manière facilement réparables par l'ennemi, à l'exception éventuelle du porte-avions léger Ryuho, dont l'achèvement sera retardé de plusieurs mois, ce qui, et pour la Marine japonaise de ce début de 1942, est cependant loin d'être une catastrophe (1)

Si on y ajoute le fait que la population chinoise a également payé, au prix de dizaines de milliers de morts, son aide aux aviateurs américains en détresse, le Raid sur Tokyo devrait alors, en toute logique, être considéré comme un épouvantable fiasco, et son responsable, le lieutenant-colonel "Jimmy" Doolittle, traîné en cour martiale puis sévèrement condamné, comme il semble d'ailleurs s'y attendre à en juger par les confidences faites à ses hommes.

C'est pourtant l'inverse qui va se produire...

(1) lorsqu'il entra finalement en service, en décembre 1942, le Ryuho s'avéra par ailleurs un porte-avions médiocre et de peu de valeur militaire

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