lundi 7 février 2011

2894 - il suffisait d'y penser

... Washington, 10 janvier

Dans des circonstances ordinaires, l'amiral King se serait assurément esclaffé, puis aurait conseillé à son interlocuteur de prendre quelques semaines de repos.

Mais les circonstances sont tout sauf ordinaires : un mois après le désastre de Pearl Harbour, et une semaine après la non moins désastreuse chute de Manille, on peut même dire que toutes les idées, y compris les plus loufoques, sont désormais bonnes à prendre, ou du moins à étudier.

Sur le papier, celle du capitaine Francis Low a au moins le mérite de la simplicité : puisque les monomoteurs de la Navy sont trop petits pour s'en aller bombarder Tokyo, et puisque les multimoteurs de l'USAAF ne bénéficient d'aucune base suffisamment proche du Japon, pourquoi ne pas embarquer des multimoteurs de l'armée et les faire décoller depuis les porte-avions de la marine ?

Les quadrimoteurs B-17 et B-24 sont naturellement trop gros pour le pont d'envol du Hornet ou de l'Enterprise, mais des bimoteurs moyens, comme les B-18, B-25 ou encore B-26, pourraient faire l'affaire.

Après examen, le nouveau bimoteur de North American, le B-25 Mitchell, paraît, grâce à sa plus faible envergure, le mieux adapté à cette étrange mission, tandis qu'un bref calcul amène à penser qu'on pourrait en caser jusqu'à une quinzaine sur un porte-avions comme le Hornet.

Reste évidemment à résoudre quelques "petits problèmes", comme l'obligation d'augmenter l'autonomie de l'avion de plus de 50% et, surtout, de parvenir à le faire décoller en une grosse centaine de mètres alors qu'à l'ordinaire, il en réclame quatre ou cinq fois plus !

Reste aussi à trouver des aviateurs suffisamment suicidaires pour tenter l'aventure, et enfin un marin suffisamment téméraire pour amener tout ce beau monde jusqu'aux portes du Japon..

Aucun commentaire: