lundi 31 janvier 2011

2887 - trois ponts, trois destins

... les batailles ne se passent jamais conformément aux plans prévus, et celles qui eurent lieu à Arnhem, à Remagen, et à Bielefeld illustrent parfaitement cette maxime.

Toutes toutes trois se déroulèrent dans un intervalle de six mois et visaient un pont, ou un viaduc, séparés les uns les autres par moins de 200 kms.

A Arnhem, les Britanniques échouèrent à s'emparer d'un pont bien précis, pour lequel ils avaient pourtant un plan bien détaillé; à Remagen, les Américains réussirent au contraire à s'emparer d'un autre pont sans avoir le moindre plan ni la moindre idée de ce qu'ils allaient en faire; et à Bielefeld, Britanniques et Américains planifièrent des dizaines de missions de destruction, et gaspillèrent des milliers de tonnes de bombes afin d'abattre un viaduc qui, lorsqu'il fut finalement détruit, n'avait plus la moindre valeur militaire et n'intéressait plus personne.

Faute de réussir à s'emparer du Pont d'Arnhem, on décida, autant par calcul que par dépit, de le détruire... puis de le reconstruire à l'identique et par hommage à ceux qui n'avaient pas réussi à s'en emparer.

Rien de tel à Remagen, où le pont conquis par hasard, mais qui avait fini par s'effondrer tout seul, ne fut jamais reconstruit, faute d'intérêt économique, et même d'intérêt tout court pour l'Allemagne d'après-guerre.

A Bielefeld, en revanche, la reconstruction s'imposait d'autant plus que la Gummibahn allait très vite s'avouer incapable de faire face à la rapide expansion économique de la nouvelle Allemagne

Dès 1947, un pont métallique de 160 mètres fut donc installé sur les ruines du viaduc existant, solution bancale mais néanmoins efficace et qui perdura jusqu'en 1984, lorsque le viaduc retrouva enfin ses quatre voies et une apparence finalement assez proche de celle d'avant-guerre, manière sans doute la plus efficace de refermer une des pages les plus noires de l'Histoire...

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