
… avec la Gummibahn, les Allemands disposent donc d’une solution de secours d’autant mieux capable d’assurer le trafic militaire en cas de défaillance du Viaduc de Bielefeld que le dit trafic a lui-même fortement diminué.
En ce mois de mars 1945, le Troisième Reich tire en effet ses dernières cartouches : à l’Est, l’Armée rouge est sur le point de lancer son offensive finale sur Berlin et, à l’Ouest, les Américains viennent de franchir le Rhin suite à la capture-surprise du Pont de Remagen (7 mars).
Dit autrement, la Capitulation allemande n’est plus l’affaire que de quelques semaines, en sorte que l’on peut légitimement se demander ce qui pousse encore le Bomber Command britannique à organiser un nouveau raid sur Bielefeld.
Comme la justification militaire est pour le moins ténue, restent bien sûr l’habitude (on continue de faire ce que l’on sait faire de mieux) et aussi, sans doute, la volonté de démontrer que l’on peut accomplir, avant la fin du conflit, ce que l’on n’est pas parvenu à réaliser depuis le début de celui-ci.Et puis, bien sûr, il y a la Grand Slam elle-même, cette bombe géante qui a déjà coûté une fortune mais qu’on n’a pas encore pu tester "pour de vrai", et qu’il importe donc d’utiliser au plus vite si l’on ne veut pas que l’arrêt imminent des hostilités, et l’avènement probable de nouveaux moyens de destruction plus performants et plus simples d’emploi – comme les fusées V2 – ne l’envoient directement au musée sans même avoir servi.
C’est pour toutes ces raisons qu’après plus de 3 000 tonnes de bombes dépensées en vain, le Viaduc de Bielefeld va enfin entrer dans l’Histoire…
1 commentaire:
si je parlais d'expérimentation, c'est qu'il faut se remettre dans la perspective de l'époque et ne pas oublier l'état d'esprit dans lequel se trouvaient les militaires alliés en mars 1945. D'une part, si le conflit contre l'Allemagne était évidemment plié, celui contre le Japon promettait de se prolonger jusqu'en 1946 et il n'était pas absurde de tester le joujou avant de l'utiliser en extrême-orient. D'autre part et de façon moins officiellement avouable, la perspective de devoir continuer la partie cette fois-ci contre l'armée rouge et le camarade Staline que l'idée titillait, n'était pas une pure hypothèse d'école même s'il est facile aujourd'hui de la trouver fantaisiste
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