samedi 22 janvier 2011

2878 - déraisonnable

... coûteuse, difficile à fabriquer et à mettre en œuvre, la Tallboy de 5.2 tonnes est une arme d'exception, que l'on réserve donc à des objectifs non moins exceptionnels et en principe invulnérables aux bombes classiques, comme des ouvrages fortement bétonnés.

Bien qu'elle donne globalement satisfaction, ses contraintes d'emploi n'en sont pas moins considérables, ce pourquoi on peut se demander ce qui - en dehors bien sûr de l'ego et de considérations quasi-phalliques - va pousser Barnes Wallis, mais aussi les autorités britanniques, à en extrapoler une version plus grosse, plus puissante et, bien entendu, deux fois plus lourde.

De fait, avec ses 22 000 livres (10 tonnes), mais aussi ses presque 8 mètres de long, la Grand Slam enfonce cette fois toutes les limites du raisonnable.

Et si elle concrétise enfin le fantasme de la "bombe de 10 tonnes" exprimé par son inventeur dès 1940, il n'existe toujours pas, cinq ans plus tard, d'avion véritablement en mesure de l'emporter de manière satisfaisante, et économique.

Car le moins inadapté à cette (lourde) tâche est encore... l'increvable Avro Lancaster

Mais déjà à la peine avec la Tallboy, le "Lanc" est véritablement à l'agonie avec la Grand Slam, pour laquelle il a fallu non seulement renforcer et modifier le fuselage (suppression de la soute à bombes), mais également enlever tout ce qui n'était pas strictement indispensable,... à commencer par la quasi-totalité de l'armement défensif, lequel, sur la poignée d'avions spécialement modifiés pour la Grand Slam, se limite désormais à la seule tourelle arrière.

Malgré cela, et malgré des moteurs spécialement "gonflés", le malheureux avion peine et met une éternité pour atteindre une altitude de largage de seulement 6 000 mètres, ce qui, avec l'obligation d'opérer de jour afin de garantir la précision nécessaire, le rendrait aussi vulnérable qu'un oisillon si la chasse allemande, elle, n'avait pas disparu du ciel...

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