jeudi 20 janvier 2011

2876 - s'affranchir de toutes les limites existantes

... aux États-Unis, des milliers de scientifiques, techniciens et ingénieurs planchent sur un projet d'une complexité et d'un coût inouïs - le Projet Manhattan - qui, un jour, multipliera par mille la puissance des bombes.

Si l’Angleterre ne peut s'offrir le luxe d'une pareille ambition, elle dispose tout de même, en la personne de Barnes Neville Wallis, d'un savant fou, ou plus exactement d'un ingénieur aéronautique dont les seules pensées semblent se résumer à concevoir le meilleur moyen d'annihiler son prochain et qui, pour cette raison, va tout simplement concevoir les deux plus grosses bombes de la guerre.

Né en 1887, Wallis a travaillé sur la structure des dirigeables - on lui doit le design du R-100 - puis sur celle du bombardier moyen Vickers Wellington. Sa grande passion, ce sont pourtant les bombes, avec déjà la volonté de relever n'importe quel défi et de s'affranchir de toutes les limites existantes.

En 1940, il a ainsi commencé à tracer les plans d'une bombe de 10 tonnes et d'un bombardier hexamoteur - le Vickers Victory - capable de l'emporter à 14 000 mètres d'altitude. Trop ambitieux, l'avion a rapidement été rejeté, et le projectile mis au frigo pour quelques temps.

Nullement découragé, Wallis s'est alors lancé dans la mise au point - toujours chez Vickers - d'une bombe capable de ricocher à la surface de l'eau, laquelle, deux ans plus tard, a donné naissance à la Upkeep de "seulement" quatre tonnes, utilisée avec succès contre les barrages allemands de la Möhne et de l'Eder (1)

Mais la grande affaire de Wallis, celle pour laquelle il va passer à l'Histoire, c'est évidemment la Tallboy, une bombe géante de 6 mètres de long et 12 000 livres (5,2 tonnes) qui, en raison de sa masse et de son profil aérodynamique (lancée à haute altitude, elle dépasse la vitesse du son) peut percer 5 mètres de béton renforcé.

Avec pareilles caractéristiques, l'engin paraît d'autant mieux destiné à l'attaque des bunkers allemands que même dans les cas - fréquents - où il rate sa cible, il parvient, en explosant à près de 20 mètres dans le sol, à créer une onde de choc telle qu'elle endommage irrémédiablement les fondations de n'importe quel ouvrage d'Art, comme la démonstration en est d'ailleurs apportée en juin 1944, contre le Blockhaus d'Eperlecques (2)

Néanmoins, si la Tallboy se montre efficace, c'est aussi une bombe singulièrement peu pratique...

(1) Saviez-vous que... 2333
(2) Saviez-vous que... 2112

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