mardi 18 janvier 2011

2874 - la course de la bombe et du béton


... pendant trois ans, les habitants de Bielefeld vont donc se contenter de voir passer les trains sur le viaduc, à peine troublés dans leur tranquille contemplation par l'un ou l'autre raid aérien sans conséquence.

Ils auraient pourtant de quoi être inquiets : dès la fin de 1940, soit au moment-même où s'achèvent les premiers raids sur le viaduc, les autorités du Reich ont en effet dû se rendre à l'évidence : ni les efforts de la chasse et de la DCA, ni les fanfaronnades de Goering, rien de tout cela ne parviendra jamais à empêcher les Britanniques de larguer des bombes sur l'Allemagne, ce qui ne laisse donc pour seule option que de tenter d'en minimiser les conséquences, et en abritant les citoyens allemands, mais aussi les usines de guerre allemandes, sous d'épaisses couches de béton.

"Le programme de construction du Führer du 10 octobre 1940 (...) prévoyait que quatre millions de mètres cubes de béton devaient être construits au plus vite d'ici l'été suivant, pour pouvoir abriter un demi-million de personnes (...) Le 7 mai 1943, lors de la première bataille de la Rühr, on en était à 5.1 million de tonnes. Dans l'intervalle, en septembre 1942, on avait pris la décision de construire le Mur de l'Atlantique. (...) La construction de bunkers fut donc privée de 10.4 millions de mètres cubes.

(...) Un petit bunker de 20x30x30 mètres nécessitait au maximum huit mille tonnes de béton armé (...) La construction d'un grand bunker prenait neuf mois, coûtait 700 000 marks et, selon l'US Bombing Survey, était "la grande expérience de l'Allemagne. Il n'existe aucun abri aux États-Unis ou en Angleterre comparable à ce qu'on appelle des "bunkers""
(1)

Mais comme toute action entraîne nécessairement une réaction, cette "bunkerisation" va immédiatement entraîner une formidable course-poursuite entre architectes allemands qui ne cessent d’augmenter le volume de béton et ingénieurs alliés, surtout britanniques, qui se font un devoir d’imaginer des bombes de plus en plus grosses,… afin de percer ces couches de béton de plus en plus épaisses...

(1) Friedrich, op cit

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Dans le genre indestructible, la palme va aux bases de U boote construites en France et ailleurs.
Dans le bouquin de l'amiral Mordal 25 siècles de guerre sur mer il est relaté que la base de Lorient a reçu , par un hasard incroyable deux bombes Tallboy de 6 tonnes, exactement au même endroit. Le résultat : Pas grand chose , un entonnoir impressionnant au niveau du toit, mais en bas , un trou gros comme le poing laissant passer la lumière du jour. le U boot garé dans son box était absolument intact.

Il est d'ailleurs symptomatique que ces monstres de béton soient toujours debout même lorsqu'ils n'ont pas été réemployés par la marine française (Bordeaux et La Rochelle /Pallice)

A Lorient , la base a été finalement décommissionnée par la "royale" et les autorités locales ont entrepris de la reconvertir en "cité de la Mer", mi musée , mi chantier naval, qui s'avère fort peu rentable....mais la reconversion a nécessité de tronçonner le monstre et de démolir sélectivement une partie des"garages" à sous marins...l'affaire s'est révélée extrêmement longue, compliquée et coûteuse, même avec les moyens d'ingeniérie actuels.

A Kiel sur la baltique les alvéoles à U boot (avec pour certaines des sous marins encore dedans) ont été remblayées et comblées pour faire de nouveaux quais et recouvertes par des parkings...là encore la démolition aurait été d'un coût prohibitif.