lundi 17 janvier 2011

2873 - trois ans de tranquillité


... de jour, les bombardiers britanniques, trop lents et insuffisamment protégés, volent directement vers l'abattoir, ce qui, en toute logique, va rapidement pousser les responsables britanniques à ne plus les employer que de nuit.

Mais si les pertes s'en trouvent - un peu - réduites, la précision, déjà catastrophique de jour, n'est plus, la nuit, qu'une simple vue de l'esprit.

"En août [1941], écrit l'historien allemand Jorg Friedrich (1), un rapport d'enquête [sur l'efficacité des bombardements et les pertes encourues] fut présenté au gouvernement et au Parlement, le rapport Butt. A l'aide de photos aériennes, il concluait que, lorsque le temps était favorable [ce qui était très rare] le tiers des appareils engagés touchait leur cible. La "cible" étant une zone d'un rayon de huit kilomètres (sic) autour d'un point. Dans le bassin de la Ruhr, principale zone d'opérations, on ne touchait sa cible que par hasard pendant les semaines sans lune. (...) En novembre 1943, toucher une zone industrielle (...) au sein des 900 kilomètres carrés de Berlin relevait encore du hasard".

De fait, à cette époque, et malgré l'apparition des premiers radars de bord, seul un équipage sur quatre est capable, de nuit, de placer ses bombes à moins de trois kilomètres de la cible visée (!)

Dit autrement, l'immense majorité des bombes que l'on tente d'envoyer sur des objectifs précis - comme des usines, des raffineries,... ou des viaducs ferroviaires - est condamnée à tomber à côté, le plus souvent dans les forêts ou les champs, ce qui, compte tenu des pertes que l'on continue de subir (55 000 tués et 20 000 blessés ou prisonniers sur un effectif total de 125 000 aviateurs britanniques employés entre 1940 et 1945) est proprement insoutenable si le seul résultat concret de l'opération revient à labourer la campagne allemande.

Compte tenu des moyens techniques dont on dispose, le choix se limite donc à deux options : renoncer tout simplement à bombarder l'Allemagne et envoyer les avions à la casse, ou trouver, en Allemagne, des objectifs suffisamment étendus pour que les bombes puissent y toucher quelque chose de plus utile qu'un champ de pommes de terre.

Seules les villes - et les villes importantes - correspondant à cette définition, Bielefeld, et son viaduc, vont donc échapper à la guerre jusqu'à l'été 1944...

(1) Jorg Friedrich, L'Incendie

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