... si la décision d’Eisenhower ménage une fois de plus la chèvre et le chou – ou plus exactement la délicate susceptibilité de l’allié britannique – les moyens supplémentaires dégagés pour Remagen vont au moins permettre de tenir et d’élargir une tête de pont d’autant plus fragile qu’elle ne repose pour l’heure que sur un seul et unique ouvrage d’Art, par ailleurs en mauvais état et toujours sous la menace d’une éventuelle contre-attaque allemande.
Le plus urgent est évidemment de le protéger contre tous les adversaires que la Wehrmacht et la Luftwaffe ne manqueront pas de lancer contre lui : en quelques heures, les deux berges du Rhin vont ainsi se couvrir de soldats… mais aussi de centaines de pièces de DCA qui – nous allons le voir – ne manqueront certes pas de travail.
A l’évidence - et comme l’épisode du tank destroyer vient juste de le démontrer - il faut aussi réparer et renforcer le tablier qui, déjà fortement endommagé par l’explosion du 7 mars, doit à présent supporter le passage continu de milliers de soldats et de centaines de véhicules.Mais le problème, c’est que les réparations, pour être efficaces, impliqueraient d’interrompre tout trafic pendant plusieurs jours, ce qui, on s’en doute, n’est évidemment pas possible.
Il faut donc se contenter de demi-mesures,… et espérer que Vulcain et tous les dieux de la charpente métallique ne finissent pas par se lasser et par précipiter le pont au fond du fleuve.
Et comme on ne saurait en cette affaire s’en remettre à la seule bonne volonté divine, on va également s’atteler, dès le 9 mars, à la construction de plusieurs ponts flottants, lesquels permettront non seulement de pallier une éventuelle défaillance de la structure, mais aussi de faire – enfin – passer les lourds et encombrants Pershing sur la rive droite du Rhin…
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