jeudi 16 décembre 2010

2841 - jouer avec le feu

... combattre le dos à un fleuve, et a fortiori en état d'infériorité numérique et matérielle, est en réalité le plus sûr moyen de courir à la défaite et à l'anéantissement.

Vieux routier de la Wehrmacht, et commandant - pour quelques jours encore - de l'OB West, le maréchal von Rundstedt ne le sait que trop bien, qui souhaiterait que les troupes allemandes encore présentes tout au long de la rive gauche du Rhin passent immédiatement sur la rive droite, où elles pourraient au moins souffler un peu et organiser une défense efficace

Mais Hitler, prisonnier de sa logique - ou de sa démence - ne veut pas en entendre parler, en sorte que le repli - lorsque repli il y a - ne peut s'opérer que sur son ordre exprès, c-à-d souvent trop tard, et toujours dans les pires conditions possibles.

Dans cette logique, et dans l'attente des "ordres personnels du Führer", les ponts doivent impérativement être maintenus intacts jusqu'à la toute dernière extrémité, et ce afin de permettre l'acheminement des renforts, puis l'évacuation éventuelle des civils et finalement des troupes engagées sur la rive menacée par l'ennemi.

Même si les artificiers allemands ont désormais acquis une expérience inégalable dans le dynamitage des ouvrages d'art, ils risquent, à force de jouer avec le feu, de finir par se brûler les doigts : à Nimègue, on s'en souvient, le pont routier, pourtant miné, avait déjà refusé de sauter au passage des Sherman des Irish Guards; et le 3 mars, l'affaire a encore failli tourner à la catastrophe, lorsque le Pont d'Oberkassel, près de Düsseldorf, ne s'est abîmé dans le Rhin que quelques minutes avant l'arrivée des soldats américains...

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