mercredi 8 décembre 2010

2833 - Exodus

... à l'Est, donc, les soldats allemands continuent de se battre avec l'énergie que confère le désespoir et, de plus en plus, dans le but de faciliter la fuite de leurs compatriotes qui, par milliers, dizaines de milliers, et finalement millions de personnes, ont entrepris, par -20 degrés, et le plus souvent à pied, un interminable exode vers le Sud et l'Ouest de l'Allemagne.

Le 20 janvier 1945, un train de marchandises bondé de réfugiés entre en gare de Stolp, en Poméranie orientale. "On y voyait, déclara un témoin de la scène, des gens recroquevillés, raides de froid (...) de petits paquets rigides étaient descendus des wagons et alignés sur le quai. C'étaient des enfants morts de froid"

Le 29 janvier, les autorités allemandes estiment à quatre millions - un chiffre très inférieur à la réalité - le nombre de réfugiés se dirigeant "vers le centre du Reich". Dans les quinze jours qui suivent, ce nombre est porté à 7 millions, à plus de 8 millions le 19 février, et à plus de 11 millions le 10 mars.

Au total, ils seront plus de 15 millions à fuir, et plus de 2 millions à périr en route...

Ainsi en est-il de la plupart de ceux qui sont parvenus à monter à bord du Wilhelm Gustloff dans le port de Gottenhaffen (aujourd'hui Gnydia, Pologne). Au soir du 30 janvier, jour anniversaire de l'accession d'Hitler au Pouvoir, ce paquebot prévu pour 2 000 passagers, mais qui emporte plus de 10 000 réfugiés dans ses flancs, est torpillé par le sous-marin russe S-13.

Par une température extérieure de - 18 degrés, près de 8 000 personnes, dont une majorité de bébés et d'enfants, vont périr piétinés ou noyés dans ce qui restera la plus grande catastrophe maritime de l'Histoire (1)

Le 10 février, ce même S-13 double la mise, en envoyant par le fond le navire-hôpital General Von Steuben (3 000 morts, dont une bonne part de blessés sur civières). Le 16 avril, le L-3, loge à son tour deux torpilles dans les flancs du cargo mixte Goya, lui aussi surchargé de réfugiés et qui, brisé en deux, coule en moins de 4 minutes, entraînant dans la mort près de 7 000 réfugiés supplémentaires.

Alors que les derniers bâtiments de la Kriegsmarine s'efforcent de retarder l'arrivée des blindés soviétiques, les chasseurs-bombardiers russes écrasent sans distinction objectifs civils et militaires, et particulièrement les zones portuaires de Dantzig (aujourd'hui Gdansk, Pologne), cette ville pour laquelle personne ne voulait mourir en 1939, et où s'entassent aujourd'hui plusieurs centaines de milliers de réfugiés dans l'attente d'un improbable navire.

Les blessés sont mitraillés sur leurs civières, de même que des milliers de femmes et d'enfants qui, craignant de perdre leur place dans la file, préfèrent affronter les balles que tenter de se mettre à l'abri.

Le 26 mars, Gottenhaffen tombe enfin aux mains de l'Armée rouge, qui va s'y livrer à une telle orgie de pillages et de viols qu'elle choquera même les autorités soviétiques.

L'ONU n'existe pas encore et il n'y a personne pour venir en aide aux réfugiés ni, a fortiori, pour imposer une "trêve humanitaire" aux belligérants. Et d'ailleurs, en ce début de 1945, qui plaindrait ces civils allemands dont les époux, frères ou fils se sont livrés aux mêmes exactions contre les civils soviétiques...

(1) Saviez-vous que... 596 à 601

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Gottenhaffen (aujourd'hui Gnydia, Pologne)


C'est Gdynia