mercredi 1 décembre 2010

2826 - (ne pas) savoir improviser

... si la bataille ne se déroule jamais selon le plan prévu, le succès dépend toujours, dans une large mesure, de la capacité des combattants - et bien évidemment de leurs chefs - à imaginer des solutions de remplacement, à saisir les opportunités qui se présentent, bref à improviser en fonction des réalités du terrain.

Mais pour Market Garden, les Alliés, et singulièrement les Britanniques, furent trop rarement à la hauteur.

A Arnhem par exemple, les paras britanniques, bien qu'au courant de l'existence d'un bac à proximité, furent incapables de s'écarter du plan prévu - qui pourtant n'aboutissait à rien - et de s'en servir pour passer sur l'autre rive du Rhin. Réalisant le risque qu'ils avaient couru, les Allemands s'empressèrent ensuite de rendre le dit bac impraticable ce qui, quelques jours plus tard, empêcha alors les paras polonais de leur porter secours...

Privés de tout moyen de communication, et donc de tout renseignement sur ce qui se passait à seulement quelques kilomètres de leurs positions, les Britanniques, appliquant en cela, et à la lettre les directives initiales d'un Montgomery qui craignait les agents doubles, préférèrent éconduire les résistants hollandais venus proposer leurs services.

Bien que ne souffrant pas de ce genre de handicap, les paras américains, eux, ne se privèrent pourtant pas de faire appel aux bonnes volontés locales, et ne s'en portèrent pas plus mal...

A Nimègue, si les Américains de la 82ème passèrent incontestablement à côté de leur sujet en s'avérant incapables de s'emparer du pont dans les premières heures de l'attaque, on doit au moins reconnaître à James M. Gavin le mérite d'avoir ensuite imaginé une solution qui, bien que totalement improvisée et coûteuse en vies humaines, permit de franchir enfin la Waal et de se rendre maître du pont, rachetant ainsi les errements initiaux.

Mais alors que le plus dur était accompli, et Arnhem à présent à 15 kms, ce furent une fois de plus les Britanniques qui s'avérèrent incapables de transformer l'essai.

On pourra toujours écrire qu'avec seulement cinq tanks - soit le nombre exact de Sherman qui avaient franchi le Pont de Nimègue au crépuscule du 20 septembre - et quasiment aucun soutien d'Infanterie, l'avant-garde du 30ème Corps ne serait probablement pas arrivée jusqu'à l'entrée Sud du Pont d'Arnhem ni, a fortiori, à secourir les paras du colonel Frost, piégés sur l'autre rive.

Mais il n'empêche que ce suprême effort aurait pu, et aurait dû, être tenté, ne serait-ce que par respect pour les dizaines de jeunes-gens qui, quelques minutes auparavant, venaient de verser leur sang à seulement quelques mètres de là.

En comparant la (faible) probabilité de succès au risque (élevé) de pertes, et donc en ordonnant l'arrêt de la progression aussitôt après Nimègue, Brian Horrocks avait sans doute effectué un calcul militaire rationnel.

Mais en refusant de saisir cette dernière opportunité, il avait aussi signé l'arrêt de mort de Market Garden...

1 commentaire:

Jérémy a dit...

Petit oubli : "Bien que ne souffrant pas de genre de handicap" je suppose qu'un "ce" manque dans la phrase.

Au passage, bravo pour la qualité des articles, j'attends toujours la suite avec impatience !