Depuis des heures, les paras du Major Julian Cook rongent leur frein à attendre les embarcations qui leur permettront - peut-être - de prendre pied sur la rive Nord de la Waal et de se rendre enfin maître, avec trois jours de retard sur l'horaire prévu, du Pont routier de Nimègue.
"Où sont ces fichus rafiots ?" - personne ne le sait ni n'en connaît d'ailleurs ni le nombre ni les caractéristiques. Ce sera la surprise du jour, celle que le 30ème Corps britannique s'efforce d'acheminer depuis la veille sur des routes parsemées d'épaves, encombrées de blindés, et régulièrement attaquées par les Allemands.
En milieu d'après-midi, les embarcations arrivent enfin - vingt-six au total - qui ne sont rien d'autre que des coquilles de noix, ou plutôt de toile, pour lesquelles on manque d'ailleurs de rames, ce qui va contraindre nombre de paras à utiliser la crosse de leur fusil dans une tentative désespérée de gagner quelques fractions de secondes !
Car il va faut faire vite : d'un bord à l'autre, la Waal fait près de 300 mètres de large, et en plein jour, ces frêles embarcations sont aussi vulnérables, mais beaucoup moins véloces, que des canards posés sur l'eau.
On a bien prévu, sur la rive Sud, de poster tous les canons disponibles, et de tirer tous les obus fumigènes dont on dispose, afin de dissimuler la progression des paras, mais lorsque l'assaut est finalement donné, aux alentours de 15h00, c'est le vent qui se met de la partie pour chasser ce fragile brouillard.
Du début à la fin, Market Garden est une opération maudite...
Du début à la fin, Market Garden est une opération maudite...
Alors, sous la mitraille et au milieu des gerbes d'eau, le 3ème bataillon va écrire une des pages les plus glorieuses de la 82ème Aéroportée, en réussissant à prendre pied sur la rive Nord de la Waal et même, après une brève mais furieuse échauffourée, à se rendre maîtres du pont routier, sur lequel s'engagent immédiatement les premiers Sherman des Irish Guards...
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