samedi 23 octobre 2010

2787 - il n'y a de pires aveugles...


.... monter, et lancer, une opération militaire, et a fortiori une opération militaire de l'envergure de Market Garden, implique évidemment de faire l'impasse sur certaines choses, et de traiter les défaitistes avec une grosse pincée de sel.

Après tout, aucune guerre ne serait possible si l'on écoutait systématiquement les pronostiqueurs d'Apocalypse, et aucune offensive ne pourrait jamais être lancée si l'on devait remettre en cause l'intégralité du plan de bataille à chaque découverte d'un élément nouveau.

Mais il y a une marge entre l'optimisme et l'hébétude, et une différence entre accepter une certaine part d'incertitudes et refuser de voir les nombreuses évidences qu'on vous soumet.

A mesure que les heures passent, et que l'on se rapproche du moment du départ, des indices ne cessent de s'accumuler, qui révélent que l'ennemi est loin d'être aussi "fini" qu'on le pensait, et que toute l'affaire sera bien moins facile que prévu.

Des rapports des services de renseignement, faisant état de la présence de deux divisions blindées SS près de Nimègue et d'Arnhem sont ainsi balayés du revers de la main par Montgomery, qui refuse de changer un seul détail du plan.

Browning n'agit pas autrement, qui envoie directement au repos, pour "épuisement nerveux", l'analyste qui vient de lui présenter des photos aériennes démontrant la présence de blindés SS près d'Arnhem. Des blindés contre de simples parachutistes !

Malgré ses compétences, Horrocks, commandant du 30ème Corps, n'est lui non plus pas exempt de tout reproche : c'est un officier de blindés expérimenté, qui ne s'inquiète pourtant guère de la largeur de la route que devront emprunter ses propres tanks, ni de l'absence de toute possibilité de dégagement en cas d'attaque.

Et il sait pourtant que ladite route n'aura rien de tranquille : le 15 septembre, soit deux jours avant l'offensive, des véhicules de reconnaissance ont réussi à pousser une pointe d'une dizaine de kilomètres jusqu'à Valkenswaard, à mi-distance entre Neerpelt et Eindhoven, et ont signalé que la route était "puissamment défendue" (1)

(1) John Mosier, The Blitzkrieg Myth, page 255

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