vendredi 15 octobre 2010

2779 - un problème de ports

… ce ne sont pas les effectifs, mais bien le ravitaillement et, surtout, l’essence, qui manquent pour pouvoir lancer à la fois l’offensive frontale que préconisent Patton et Bradley, et celle, "périphérique" défendue par Montgomery.

Pour bien en comprendre la raison, il faut cependant remonter plusieurs mois en arrière.

Des semaines avant le Débarquement, les Alliés, afin d’empêcher les renforts allemands de parvenir rapidement sur les plages, ont en effet systématiquement bombardé les routes, les ponts, les gares de triage ainsi toutes les voies ferrées menant de l’intérieur des terres vers le littoral français.

Au début, cette tactique s’est avérée remarquablement efficace, contraignant aviateurs, fantassins et tankistes allemands à déployer des trésors d’imagination, et à perdre des jours voire des semaines entières, avant d’être en mesure de rejoindre le Front et de s’y regrouper en unités aptes à combattre (1)

Aux destructions initiales sont ensuite venues s’ajouter celles dues aux combats, puis finalement celles provoquées par les sabotages des Allemands en retraite, en sorte qu’après la réussite de Cobra, l’avantage tactique s’est vite transformé en redoutable handicap stratégique car, de la Normandie au Front, la distance dépasse à présent les 500 kms, à parcourir presque exclusivement sur de mauvaises routes, faute de capacités ferroviaires.

Pour ne rien arranger, l’essentiel du ravitaillement allié est toujours déchargé au port artificiel d’Arromanches, ou simplement déposé sur les plages après échouage des cargos (2), deux méthodes qui, malgré tous les efforts déployés, ne parviennent plus à satisfaire la demande.

Il y certes Cherbourg (que les Américains ont commencé à remettre en service début août) et aussi Marseille (capturé fin août), mais comme ces deux ports sont situés encore plus loin du Front, le problème du transport jusqu’aux unités combattantes reste entier.

L’idéal, en fait, serait de disposer d’un véritable port de haute mer à la fois proche de la Grande-Bretagne et du nouveau théâtre des opérations.

Seuls les ports de Rotterdam et d’Antwerpen correspondent à cette définition, mais le premier est encore aux mains des Allemands tandis que le second, bien que capturé largement intact par les Britanniques début septembre, ne sert à rien tant que les troupes allemandes continueront à occuper l’estuaire de l’Escaut…

(1) Saviez-vous que… 2156
(2) Saviez-vous que… 2170

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