mercredi 6 octobre 2010

2770 - les oubliés

... massacrés sans vergogne par les Japonais qui entendaient les punir d'avoir rejeté la "Sphère de Coprospérité de la Grande Asie", et victimes collatérales des Américains qui se souciaient avant tout de préserver la vie de leurs propres soldats, les Philippins furent, et on l'oublie trop souvent, les principales victimes de la Bataille des Philippines.

Ce fut particulièrement vrai à Manille, où les fusiliers-marins du contre-amiral Iwabushi se livrèrent à une monstrueuse orgie de viols et de tueries, en plus de multiplier les prises d'otages parmi la population civile de la ville, condamnée à jouer le rôle de boucliers humains.

Les Américains, de leur côté, n'étaient certes pas là pour tuer des Philippins, et d'autant moins que des milliers d'entre eux combattaient à leurs côtés, certains depuis 1941.

Mais ils étaient d'abord là pour vaincre, et pour vaincre au moindre coût, ce qui signifiait d'une part écraser les Japonais sans faiblesse et par tous les moyens possibles, et d'autre part épargner la vie de leurs propres soldats par dessus toute autre considération.

En larguant préventivement des tonnes et des tonnes de tracts sur toutes les zones que l'on se proposait d'attaquer, on espérait inciter la population civile à fuir les villes et à se tenir loin des routes, des ponts ou de tout objectif considéré comme stratégique.

En utilisant l'Artillerie de préférence à l'Aviation, comme à Intramuros, on pensait également limiter les pertes parmi cette même population, les canons étant généralement perçus, à tort ou raison, comme plus précis que les bombardiers.

En pratique, cependant, les résultats furent loin d'être conformes aux attentes, et l'on peut même se demander si toutes ces précautions ne visaient pas avant tout à se donner bonne conscience et à se dégager de toute responsabilité à l'égard de cette malheureuse population philippine que l'on était tout de même censé libérer d'un Occupant impitoyable.

Les Philippins, pourtant, ne devaient pas tenir rancune à leurs libérateurs.

Après avoir pensé leur plaie, ils s'engagèrent sur la route de l'Indépendance, celle que les Américains leur avaient promis en 1935, et y accédèrent le 4 juillet 1946 - jour de l'Indépendance des États-Unis ! - et au moment-même où, dans tout le reste de l'Asie-Pacifique, les populations à peine libérées des Japonais reprenaient les armes, cette fois contre leurs anciens colonisateurs européens.

Mais ceci est une autre histoire...

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