2769 - les marins n'y croyaient plus

... si l'Aviation n'a rien à se reprocher, et si l'Armée mérite au moins des circonstances atténuantes, il en va tout autrement de la Marine impériale japonaise qui, en plus de faillir à sa mission, a subi de telles pertes qu'elle a purement et simplement cessé d'exister.

On peut certes écrire qu'avec peu de navires et quasiment aucun avion à sa disposition, elle n'avait de toute manière aucune chance de l'emporter face à la surpuissante Navy américaine et ce quelle que soit la tactique adoptée, ou encore que le plan Sho-Go de l'amiral Toyoda était à ce point irréaliste qu'il n'avait aucune chance de se dérouler comme prévu, mais il n'en demeure pas qu'à Leyte, elle a lamentablement gâché la seule chance qui lui restait.

Passe encore pour Ozawa qui, à défaut de briller, a au moins tenu le rôle de chèvre qui lui était assigné, et dont la plupart des bâtiments ont stoïquement succombé les uns après les autres sous les coups furieux de la Troisième Flotte américaine, qu'ils avaient réussi à attirer fort loin de Leyte.

Mais que dire de Nishimura qui, tel un vulgaire automate, s'est entêté à avancer dans le Détroit de Surigao alors-même que ses cuirassés et croiseur subissaient une telle avalanche de torpilles et d'obus américains qu'ils n'avaient aucune chance d'en réchapper ?

Et, surtout, que dire de Kurita qui, après être enfin arrivé en position favorable, a préféré s'époumoner à poursuivre la poignée de navires de guerre américain présents sur place plutôt que de couler, comme il en avait pourtant reçu l'ordre, les cargos et péniches occupés à débarquer soldats et matériel sur les plages de Leyte ?

Que dire de cet homme et de ses énormes cuirassés, qui sont à peine parvenus à couler un malheureux porte-avions d'escorte et trois destroyers en fer-blanc et qui, cet "exploit" réalisé, ont immédiatement retraité vers leurs bases, pour ne pas avoir à affronter un éventuel retour de la Troisième Flotte ?

Aux Philippines, et à l'évidence, Kurita, mais aussi la marine impériale dans son ensemble, "n'y croyait plus" et n'imaginait plus être encore en mesure de remporter quelque victoire que ce soit...