... c'est aux Philippines que le Japon a définitivement perdu la guerre.
Mais si l'issue finale fut entièrement conforme aux prédictions - la souris nippone ne pouvait espérer l'emporter sur l'éléphant américain - la question reste tout de même de savoir quelle part les militaires japonais - et en particulier leurs chefs - portent dans la défaite, et aussi s'ils auraient pu faire mieux en s'y prenant autrement.
Réglons d'emblée le cas de l'Aviation : avec le peu d'appareils dont il disposait, des appareils souvent périmés et presque toujours menés par des pilotes inexpérimentés, le meilleur, et à vrai dire le seul choix qui s'offrait au Vice-Amiral Takijiro Onishi était d'utiliser les uns et les autres comme armes-suicides.
Et de fait, à défaut de pouvoir empêcher les débarquements américains, les kamikazes furent néanmoins en mesure d'infliger à la Marine américaine des pertes sans commune mesure avec celles qu'elle auraient subi du fait d'attaques conventionnelles à la bombe ou à torpille.
Les Philippines ne constituèrent à cet égard qu'un simple banc d'essais pour attaques-suicides : jusqu'à la fin de la guerre, et en particulier devant Okinawa, celles-ci allaient en effet se poursuivre avec une efficacité accrue, bien que toujours insuffisante pour en modifier le résultat.
Les Américains, il est vrai, avaient rapidement élaboré des contre-mesures efficaces, des piquets-radars aux escadrilles de chasse maintenues en permanence en vol, en passant par l'installation, sur tous leurs bâtiments, d'une quantité hallucinante de canons de DCA de petit et moyen calibre, notoirement imprécis mais du moins capables, grâce à leur nombre et leur cadence de tir, de dresser de véritables murailles de plomb devant les assaillants.
L'autre explication tenait à la nature-même des avions utilisés : pour avoir la moindre chance de parvenir au but en échappant à la chasse et à la DCA américaines, il fallait utiliser de petits monomoteurs, et de préférence des chasseurs, certes maniables et difficiles à atteindre mais qui, une fois atteints, se désintégraient presque instantanément et ne pouvaient de toute manière, du fait de leurs dimensions, emporter une grande quantité d'explosifs.
Confiés de surcroît à des pilotes sachant à peine voler, "l'arme-miracle" s'apparentait davantage à l'ultime sursaut d'orgueil de toute une Nation qu'à un véritable atout militaire...
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