dimanche 19 septembre 2010

2753 - collatérales

… le 4 mars 1945, le fracas des armes et des explosions s’apaise enfin sur Manille, et si quelques coups de feu éclatent encore ici et là, la capitale des Philippines est officiellement débarrassée d’une Occupation japonaise qui aura duré trois ans.

Mais à quel prix ! Sur le plan matériel déjà, la Manille coloniale, fondée par les Espagnols en 1571, a tout simplement cessé d’exister et n’est plus à présent qu’un immense amoncellement de gravats, où les rares immeubles encore debout ne sont plus que des coquilles vides et calcinées.

Sur le plan humain, le bilan est encore plus tragique.

Pour autant qu’on le sache, aucun des quelque 15 000 fusiliers-marins du contre-amiral Iwabushi n’a survécu. Le corps d’Iwabushi lui-même, qui se serait suicidé le 25 février, ne sera jamais retrouvé.

Sans surprise, c’est cependant la population civile de Manille qui a payé le plus lourd tribut : on estime généralement à quelque 100 000 personnes le nombre d’hommes, de femmes d’enfants, de vieillards philippins tués lors des combats.

Et si la majorité d’entre eux l’ont été des mains des Japonais eux-mêmes, et de façon atroce, bon nombre se sont également retrouvés victimes collatérales des balles et des obus américains, quelle que soit la prétention de ces derniers à les épargner.

Et les Américains, parlons-en : par contraste, les pertes dans leurs rangs sont extrêmement modérées : 6 000 blessés et environ 1 000 morts, autant dire rien eut égard à la férocité des affrontements et à l’ampleur des destructions. C’est évidemment tant mieux pour les GI’s et leurs familles au pays, mais c’est just too bad pour les civils philippins et leur patrimoine architectural.

Mais pouvait-il en être autrement quand la volonté des Japonais de résister jusqu’à la Mort se liguait à la volonté des Américains de minimiser à tout prix les pertes dans leurs propres rang ? Pris entre ces deux idéologies invincibles, Manille, et la population civile de Manille, se trouvaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment.

A Fort Drum, du moins, il n’y aurait aucun civil, et aucun patrimoine civil, pour faire les frais de la querelle…

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